La hausse de taxes soulève la grogne à Potton

FINANCES. La colère des contribuables a pris de l’ampleur dès la réception des comptes de taxes au Canton de Potton. La hausse moyenne variant entre 23 % et 28 %, selon les secteurs, soulève de vives inquiétudes, surtout qu’elle figure parmi les plus salées au Québec. Elle incite un groupe de citoyens à faire signer une pétition et à se rendre en grand nombre à la prochaine séance publique du conseil municipal, lundi prochain (6 février).

Le porte-parole du groupe de citoyens, Michel Trudel, espère récolter des centaines de signatures sur la pétition adressée à la ministre des Affaires municipales du Québec, Andrée Laforest. «On doit protester, car ce bond exceptionnel s’avère insupportable pour nombre de familles et de personnes âgées, estime-t-il. Chez moi, mon compte de taxes a augmenté de 900 $. C’est quatre fois plus que l’inflation.»

La pétition réclame une intervention de la ministre. Les signataires espèrent que Mme Laforest ordonnera une enquête sur les pratiques financières du conseil. Selon ces citoyens, les élus «gonflent les excédents afin de pouvoir en disposer à leur guise, notamment pour payer comptant des immobilisations importantes».

Toujours selon ce groupe, «ces manoeuvres permettent d’éviter le financement des projets d’immobilisations par règlement d’emprunt et la consultation publique prévue à cette fin». M. Trudel préfère plutôt étaler le paiement de ces factures sur une plus longue période afin que ceux qui en bénéficient paient leur juste part également, «pas seulement les contribuables qui vivent actuellement à Potton».

Ces citoyens estiment qu’ils seront nombreux lundi prochain pour manifester leur mécontentement devant les élus. «On veut que les élus refassent leurs devoirs pour étaler cette hausse sur quelques années, ajoute M. Trudel. La situation financière et le ratio d’endettement de la Municipalité ne sont pas catastrophiques, mais on peut réclamer que le choc de 2023 soit atténué.»

RATTRAPER LES EFFETS DE LA SOUS-TAXATION

Le maire Bruno Côté répète que le présent budget en est un de rattrapage après des années de sous-taxation. Ces revenus supplémentaires permettront notamment de réaliser des projets d’immobilisations, comme une nouvelle caserne d’incendie, et de bonifier l’entretien des 175 kilomètres de chemins de gravier.

Il déplore aussi que le noyau du groupe de citoyens se compose d’adversaires politiques et d’anciens employés mécontents, qui refusent, selon lui, de le rencontrer.

Dans une communication acheminée aux contribuables, les élus mentionnent que l’augmentation du budget 2023 est nécessaire pour améliorer et mettre à jour des services à la population (sécurité publique et urbanisme) et pour les infrastructures (édifices, quais, grange ronde). «Il est important de mettre le budget municipal à un niveau plus approprié afin de faire un bond en avant pour notre avenir dès maintenant», lit-on.

«LA POSITION AVANTAGEUSE DE POTTON»

M. Côté invite les contribuables à comparer les finances de Potton avec des municipalités comparables au Québec ou à celles de la MRC de Memphrémagog. Il brandit des documents publiés par le ministère des Affaires municipales du Québec pour illustrer «la position avantageuse de Potton» comparativement à d’autres municipalités québécoises.

Le profil financier de Potton, qui prend en compte les données de 2021, chiffre à 0,79 $ les charges nettes par 100 $ de richesse foncière uniformisée. Ces charges sont de 1,47 $ pour les autres municipalités québécoises de taille similaire à Potton. 

Ces mêmes données placent également Potton en bonne position en ce qui concerne l’endettement total net à long terme par unité d’évaluation. La dette coûte annuellement 1037 $ par adresse à Potton, soit 700 $ de moins que les villes semblables et 1600 $ sous la moyenne de la MRC de Memphrémagog.

En contrepartie, la charge fiscale moyenne des logements de Potton s’élevait à 2 090 $, soit 513 $ de plus que les villes de la province de taille similaire à celle de Potton.