Insalubrité morbide: plusieurs cas répertoriés
SANTÉ. Le cas d’insalubrité morbide découvert il y a quelques jours à Magog (voir autre texte) est loin d’être le seul à survenir dans la MRC. En 2010, 46 cas ont été dépistés.
Selon l’organisateur communautaire au Centre de santé et de services sociaux de Memphrémagog (CSSSM), Thomas Dandurand, il y a probablement plus de cas que ceux qui sont répertoriés. «Ce sont souvent des gens dont on ne pourrait présager la situation. Ils ne le laissent pas paraître, ils s’isolent de la société et ils paient leur loyer.»
L’insalubrité morbide est un état anormal d’insalubrité majeure causé par un dérèglement psychologique. Aucun diagnostic psychiatrique clair n’existe à ce jour. Elle n’est donc pas une maladie, mais plutôt un état. «C’est souvent lié à différents problèmes de santé mentale, de consommation ou encore à des traumatismes. Ce sont des cas très différents pour chaque personne», ajoute l’organisateur communautaire.
L’état vient graduellement et est accompagné d’une insensibilité progressive. Deux des possibles causes pourraient être des troubles liés à l’anxiété (ex.: schizophrénie, obsessifs compulsifs, personnalité, TDAH) et/ou au vieillissement (ex.: démence). De plus, des gens de toutes les classes de la société (économique, sexe, âge) peuvent être touchés.
Une formation a eu lieu la semaine passée pour démêler les rapports entre le CSSSM et les municipalités et ainsi revoir les façons de travailler dans de telles situations.
«Auparavant, il n’y avait pas d’uniformité au niveau régional, à savoir qui intervient et quel est le processus. Le CSSSM a pris l’initiative de créer un protocole pour établir les rôles de chacun», souligne le capitaine à la prévention du Service de sécurité incendie de Magog, Daniel Oligny.
«Ce sont des circonstances complexes et il y a plusieurs réglementations et intervenants qui sont impliqués. Une étroite collaboration entre les municipalités et le CSSSM est primordiale pour faire un travail de qualité», déclare M. Dandurand.
Les interventions du CSSSM sont limitées, car celui-ci ne peut pas intervenir sans le consentement des individus concernés. Lorsque les personnes acceptent d’être aidées, les intervenants psychosociaux les soutiennent et tentent de comprendre la situation afin de les aider à la régler.
«Les municipalités suggèrent fortement aux gens de nous contacter. Ils ont des règlements à faire appliquer, et sans notre intervention, il est parfois difficile d’y arriver, affirme Thomas Dandurand. Cependant, il n’y a pas grand-chose à faire si la personne ne veut pas», ajoute-t-il.
Le chef d’administration des programmes en santé mentale et en service psychosocial du CSSSM, Martin Robert, fait valoir qu’il n’y a pas de recette miracle. «Il n’y a pas de magie. Il s’agit de patience et de collaboration. Il faut créer des liens.»
Dangers
L’un des principaux dangers lors d’un cas d’insalubrité morbide est la possibilité d’incendie. «Quand les objets combustibles se retrouvent à proximité des éléments de chauffage, ça peut être dangereux pour la personne elle-même et pour les voisins, lorsque c’est dans des logements», souligne M. Oligny.
D’autres intervenants, tels que la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) et la Société protectrice des animaux (SPA) peuvent aussi entrer en jeu lorsque la sécurité et la santé d’enfants ou d’animaux sont remises en question.