Hébergement de courte durée: comment gérer un phénomène mondial sur la scène locale?

TOURISME. L’hébergement de courte durée, tel qu’offert sur des plateformes de réservation en ligne comme Airbnb ou Home Away, représente un phénomène mondial inévitable. Accompagné d’une croissance fulgurante, ce bouleversement de l’économie n’est actuellement que la pointe de l’iceberg, selon le président du Groupe de travail sur l’économie collaborative (GTEC), Guillaume Lavoie. Ses membres ont déposé leurs recommandations en juin dernier, suite à l’invitation du gouvernement du Québec. Selon eux, il est urgent d’agir pour mieux encadrer ce raz de marée. Le groupe s’est d’ailleurs inspiré d’exemples dans le monde, particulièrement en Ontario, en France, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. «Le Québec est aussi exposé que le reste du monde. Il est donc urgent d’agir», prévient-on dans le rapport. L’hébergement de courte durée (moins de 30 jours) est un exemple d’économie collaborative. Ce modèle socio-économique repose sur le partage ou l’échange de biens, de services ou de connaissances entre particuliers. On parle ici de location de chalet, comme Airbnb et des taxis UBER. Dans ce système économique, les particuliers sont généralement mis en relation via des plateformes numériques. Bientôt, on verra apparaître des sites web offrant la location d’équipements agricoles inutilisés, de voitures disponibles au public, de repas thématiques offerts à la maison ou de tours guidés historiques. Aussi bien s’y préparer, préviennent les spécialistes. L’hébergement de courte durée défraie les manchettes depuis quelques années, autant sur la scène mondiale que dans la MRC de Memphrémagog. Des petits villages ne réglementent pas, d’autres encadrent par secteur. Certains doivent gérer des plaintes liées à la nuisance comme des feux ou des fêtes tardives, et ce, chaque week-end. Le GTEC recommande aux élus de ne pas interdire complètement, «parce que ça ne fonctionne pas». Un laisser-aller ne réglera pas le problème non plus, ajoute-t-il. M. Lavoie invite les élus à encadrer, mais avec des règlements simples et facilement applicables. «On peut encadrer afin de mieux permettre», résume-t-il. De nombreux avantages et des retombées économique Selon le Groupe de travail sur l’économie collaborative (GTEC), les avantages de l’hébergement de courte durée sont nombreux. Ses auteurs citent en exemple l’accroissement temporaire de la capacité d’accueil d’un milieu lors d’un événement majeur (Vendanges et Trimemphré, par exemple) et la hausse de l’achalandage des commerces de proximité. Le président du GTEC, Guillaume Lavoie, ajoute la possibilité d’un revenu d’appoint pour le locateur ainsi que l’enrichissement et la diversification de l’offre touristique sur tout le territoire québécois, au-delà des grands centres. «Cette structure ne cannibalise pas les hôtels et les auberges. Il s’agit plutôt d’une offre complémentaire qui ne s’adresse pas nécessairement à la même clientèle. Cette forme de location amène certainement plus de touristes dans une région, ce qui génère donc plus de retombées économiques», estime M. Lavoie. Désavantages Le GTEC voit donc d’un bon œil la croissance de l’hébergement de courte durée, mais ne camoufle pas les enjeux liés aux risques associés à ce phénomène mondial. On parle notamment de nuisances et de la détérioration des milieux de vie (bruit dérangeant les voisins, déchets sortis les mauvais jours, etc.) La conséquence la plus grave est le risque de diminution du parc d’unités d’habitation lorsque des unités résidentielles sont réservées à la location de courte durée. En d’autres termes, M. Lavoie recommande de ne pas réduire le nombre de maisons ou de logements pour des gens qui souhaitent y habiter 12 mois par année. Cette situation, à ses yeux, risque également de faire grimper les prix. Une location court terme limitée aux résidences principales? Le GTEC veut éviter que des gens achètent plusieurs condos, chalets et maisons pour les louer à des visiteurs. «La réponse réglementaire la plus appropriée est de chercher à limiter la pratique de l’hébergement collaboratif à la résidence principale, comme on l’aperçoit à Amsterdam, Londres, Paris, New York, Toronto et Vancouver», observe-t-on dans le rapport. Afin de contrôler plus facilement le critère d’une seule résidence, le GTEC propose la mise en place d’un processus d’enregistrement et de création d’un identifiant unique simple, rapide et peu coûteux. Québec s’est récemment inspirée des recommandations du Groupe pour adopter sa stratégie. En juillet dernier, la Ville prévoyait autoriser l’hébergement collaboratif sur l’ensemble de son territoire. Cependant, le locateur ne pourra accueillir des visiteurs que dans sa résidence principale. Cette location deviendra commerciale si elle se fait à une adresse qui n’est pas la résidence principale du locateur. À ce moment, la Ville appliquera les obligations réglementaires légales et fiscales, comme les taxes et les permis exigés aux acteurs de l’économie traditionnelle ou de l’hébergement touristique régulier. Recommandation du GTEC «Les pratiques des plateformes collaboratives d’hébergement de courte durée doivent être encadrées de manière à préserver la vocation résidentielle des unités d’habitation. La recommandation comprend aussi des dispositions afin de mieux faire respecter l’équité entre, d’une part, les acteurs de l’économie collaborative et, d’autre part, ceux de l’économie traditionnelle.»