Fermetures au centre-ville: qu’en pensent les commerçants?

AFFAIRES. Comme chaque année, quelques commerces ont fermé leurs portes au cours des derniers mois au centre-ville de Magog. Y a-t-il matière à s’inquiéter? Des commerçants toujours présents partagent leur point de vue.

Pour le propriétaire du restaurant la Table Alain Roger, la situation actuelle n’est pas vraiment inquiétante, bien qu’il soit conscient que des aspects irritants peuvent nuire à quelques-uns de ses collègues. «Le coût des loyers est peut-être une des causes de fermetures, car ils y mettent tous leurs profits. Cependant, je suis loin d’être le seul à avoir connu une belle année 2016», laisse-t-il entendre.

M. Roger considère que d’innover est primordial pour réussir à se faire une place au centre-ville, citant d’autres commerces dont le Jack-O, le Pinocchio et la Joaillerie Duvar. «Les gens aiment les activités, les soirées thématiques et les promotions. Il faut aller chercher les clients et non attendre qu’ils viennent, et créer quelque chose à notre image», de dire celui qui s’implique également au niveau du comité Tous en chœur au centre-ville.

Le restaurateur affirme que les activités comme la Fête des vendanges attirent beaucoup de clients. «Ça prend des activités; les commerçants n’attendent que ça. Je crois aussi qu’on n’exploite pas assez le lac. Là, on est en janvier et les gens ne sortent pas. C’est plein à la montagne, mais les gens viennent-ils au centre-ville? Je ne m’y fis pas», mentionne-t-il.

Son restaurant étant installé à Magog depuis 2009, Alain Roger explique que la patience est l’une des clés du succès, citant cette fois-ci en exemple le Sports Experts. «C’est certain qu’il n’y a pas toujours du monde. Un restaurant peut essayer d’être ouvert le midi pendant un mois et décide ensuite de fermer. Il faut continuer pour que les gens s’habituent», fait-il valoir.

De son côté, Patricia Camargo tient son magasin Hippie Chic sur la rue Principale depuis 15 ans. Elle est cependant moins enthousiaste que lors de son arrivée à Magog. «À l’époque, il y avait du mouvement et la saison pouvait commencer dès le mois de mars. Aujourd’hui, ça fonctionne bien deux mois par année et il n’y a plus d’événements. D’autres sont aussi d’avis que les Vendanges n’amènent pas de clients, et certains commerces, dont le Liquor Store, ferment désormais l’hiver», déplore-t-elle.

La commerçante, qui considère que son magasin est situé dans le plus beau secteur du centre-ville, envisage peut-être même de fermer boutique. «Si on ferme, ce sera très vide. Le propriétaire semble préférer que le local soit vacant plutôt que de baisser le prix du loyer», de lancer Mme Camargo. 

Pour cette dernière, il y aurait un manque de volonté de la Ville à aider les commerçants, qui sont eux aussi, selon elle, une attraction pour les touristes. «On n’a aucune aide. De plus, on perd des clients car ils doivent partir à cause du parcomètre, alors qu’ils étaient en train d’essayer des vêtements. J’ai aussi l’impression qu’ils veulent décentraliser le centre-ville plutôt que de régler les problèmes de stationnement», observe-t-elle.

Patricia Camargo croit que les travaux de revitalisation du centre-ville, prévus pour l’été 2018, feront très mal aux commerces. «Ça sera une catastrophe totale. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi ils font ça en été, alors qu’ils ont quelques mois de jeu. C’est impensable», s’exclame-t-elle.

Propriétaire de la boutique les Petits Ziboo depuis 5 ans, Sophie Gagnon souligne ne pas se fier au tourisme. «S’il y en a, c’est de l’extra et ça aide à se faire connaître. Il s’agit plutôt de répondre à un besoin de la clientèle locale et d’inciter les gens de l’extérieur à se déplacer pour quelque chose qu’ils ne trouveraient pas ailleurs», met-elle au fait.

Mme Gagnon prétend qu’il y a actuellement un vent de changement au centre-ville, mais aussi dans le monde du commerce en général. «Les vieux commerces qui ne se sont pas renouvelés ont plus de difficulté, car il faut suivre les tendances et être présent sur les réseaux sociaux. Je fais le quart de mes ventes en ligne», précise celle qui est également administratrice de la page Facebook Centre-Ville de Magog.

Citant entre autres en exemple Art de vivre et Tribu, elle croit que le centre-ville est un endroit idéal pour les boutiques plus spécialisées. «C’est parfois plus dispendieux, mais le centre-ville est un endroit pour trouver des choses qu’on ne trouverait pas au Wal-Mart, au Rossy ou au Dollorama», observe-t-elle.

Une situation normale, selon Diane Pelletier

La conseillère municipale et coprésidente du Comité de revitalisation du centre-ville de Magog, Diane Pelletier, ne s’explique pas vraiment les récentes fermetures, mais mentionne que le commerce de détail vit actuellement une période difficile. «Je ne trouve pas la situation inquiétante. Il y a des changements chaque hiver, mais je crois que certains se lancent sans vraiment prévoir à long terme», remarque-t-elle.

Mme Pelletier rappelle que plusieurs commerces du centre-ville sont très performants. «C’est un signe qu’il y a une valeur économique intéressante à Magog, sinon, ils n’auraient pas duré si longtemps», poursuit-elle.

Consciente que les travaux de revitalisation changeront la dynamique commerciale, la conseillère indique que beaucoup d’efforts seront faits pour faciliter les choses aux commerçants. «On est en train de travailler pour que les ajustements soient aussi simples que possible. Il y aura beaucoup de communication et on espère pouvoir amorcer certains travaux d’utilité publique dès cette année, mais les commerces devront aussi s’y préparer», recommande Diane Pelletier.

Cette dernière est toutefois convaincue qu’une fois les travaux terminés, le centre-ville sera très fréquenté par les touristes, mais également par les Magogois. «Je conseille aux commerçants qui désireraient s’installer ici de faire une étude de marché pour savoir ce qui serait complémentaire à l’offre déjà en place. Ce dont je suis cependant certaine, c’est qu’il y a beaucoup d’avenir au centre-ville de Magog», conclut-elle.