Des services aux aînés transférés de Magog à Sherbrooke

La réforme du ministre Gaétan Barrette continue de générer beaucoup d’inquiétudes au sein du personnel médical de l’hôpital de Magog qui déplore, cette fois-ci, le transfert de deux unités en gériatrie à Sherbrooke dès l’an prochain.

Selon le Syndicat du personnel infirmier, technique et professionnel du CSSS de Memphrémagog CSN (SPITP-CSN), les principaux services touchés sont ceux de l’unité de courte durée gériatrique (UCDG). Elle accueille des personnes âgées de 65 ans et plus pour évaluer leur état de santé et organiser les services nécessaires. Le séjour moyen est de 30 jours et en 2015-2016, 24 personnes ont bénéficié de cette expertise à Magog.

L’autre unité est celle de la réadaptation fonctionnelle qui aide une personne âgée à récupérer à la suite d’un problème important, comme une maladie ou un traumatisme. Les personnes qui y sont référées, qui totalisaient neuf l’an dernier, sont hospitalisées environ 40 jours.

Le syndicat déplore que cette décision ait été prise en cachette du grand public puisque selon lui, seul le personnel de l’hôpital en a été informé par la direction. Pourtant, les impacts sur le personnel se font déjà ressentir selon la vice-présidente du SPITP-CSN, Lesly Meunier. «Deux jours par semaine d’ergothérapie ont été retranchés et une infirmière auxiliaire a été remplacée par un préposé aux bénéficiaires. On craint que ça soit seulement le début et c’est inquiétant, car Magog a beau être un petit hôpital, il servait la population sur tous les plans. Toute cette improvisation fait peur et est un non-sens.»

Des patients ont déjà subi les contrecoups de cette décision, aux dires de la présidente Annick Métiver, dont une femme qui exigeait d’être soignée à Magog. «Elle refusait d’aller à Sherbrooke. On l’a renvoyé chez elle et elle a été admise à l’urgence quelques jours plus tard, car son état s’était détérioré, raconte Mme Métivier. Pour les personnes qui reçoivent ces services, il y a déjà beaucoup d’incertitude et de stress, car certaines ne savent pas si elles vont retourner chez elles ou si elles vont marcher de nouveau. Et avec ce transfert, elles se retrouveront encore plus loin de leur famille.»

Une répétition d’il y a 20 ans?

Interpellé par les bouleversements qui frappent l’hôpital de Magog depuis les derniers mois, le conseiller Jean-Guy Gingras a l’impression de revivre le même scénario qu’il y a 20 ans et qui avait mené à une mobilisation citoyenne. «On s’était formé un comité à l’époque, dont j’étais le président, et on s’était battu pour garder nos services à Magog, dont le bloc opératoire. On entend aujourd’hui les mêmes arguments qu’en 1995 et si on ne s’était pas réveillé, on les aurait perdus. Je pense que si on ne se réveille pas maintenant, c’est ce qui va se produire», croit-il.

Sans donner plus de détails sur ces intentions personnelles, M. Gingras est conscient que la bataille sera plus ardue puisque lui-même ne sait même pas à quelle porte cogner. «Avant, il y avait un conseil d’administration à qui on pouvait s’adresser directement. Maintenant, on ne sait même qui mène le dossier et qui peut nous donner des réponses. La population ne s’est même pas ce qui se passe», déplore-t-il.