«Depuis 2010 que je demande à payer des taxes!» -Jean-François Labrie

LITIGE. Dans une entrevue exclusive, le révérend Jean-François Labrie a accepté de répondre aux questions qui ne concernent pas ses accusations devant le Collège des médecins. Il réfute plutôt des propos émis par le maire de North Hatley en lien avec ce dossier.

Par Maryse Mathieu et Dany Jacques

D’un grand calme, celui qui porte le titre d’évêque de l’Église spirituelle Inter-Foi, tient à mentionner qu’il est faux de prétendre qu’il ne veut pas payer de taxes. Un message que le maire de North Hatley, Michael Page, a répété à plusieurs reprises dans les médias ces derniers jours. «Depuis le début qu’on demande à la Municipalité de nous zoner commercial pour pouvoir participer à la communauté», soutient Jean-François Labrie. Chaque année, on refait la même demande de changement de zonage et on est refusé», affirme-t-il, montrant une série de documents prouvant ses dires.

Dans l’un de ceux-ci daté du 30 juin 2015, signé par le directeur général de North Hatley, Daniel Décary, on peut y lire: «Alors que nous sommes à redéfinir les orientations de développement du secteur connu comme étant le «noyau villageois», dans lequel se retrouve l’église, tout nous indique que le statut quo sera préconisé.»

Le même scénario s’est répété dans le cadre d’offres d’achat pour acquérir l’église à vendre depuis quelques mois. Tous les acheteurs voulaient modifier le zonage en commercial et résidentiel. «…la municipalité est fermement résolue à maintenir l’usage «public» à cet endroit… », écrivait l’inspecteur en bâtiment, Carl Rodrigue, le 24 novembre dernier, dans un message électronique.

North Hatley veut le terrain

Le révérend Labrie croit que la Municipalité tente ainsi de le tenir en otage afin d’obtenir l’église pour une bouchée de pain, puisque dans les circonstances, la vente de lieu du culte ne serait possible qu’en modifiant les usages. Il affirme d’ailleurs en avoir maintes fois entendu parler bien avant que l’endroit soit acheté par l’Église Inter-Foi en 2010.

Le révérend tend par ailleurs une liste de plus d’une vingtaine d’églises vendues dans l’archidiocèse de Sherbrooke depuis l’an 2000, dont seulement deux sont maintenues en lieu de culte. Les autres ont été converties en logements, ateliers, salle de spectacles, etc.

Questionné à ce sujet, le maire de North Hatley a d’abord soutenu que c’est un dossier «compliqué» pour ensuite confirmer un intérêt sur l’emplacement stratégique, situé face au lac Massawippi. «Pour aucune considération on changera le zonage!, lance-t-il. Sinon, ça ferait la file pour acheter. On ne veut pas que l’endroit devienne un Tim Horton, un Subway, un bar ou un restaurant.»

Le maire dévoile que la Municipalité souhaite conserver l’église pour en faire un centre touristique avec un kiosque au sous-sol et un musée à l’étage, racontant l’histoire du village. «On veut préserver l’église, insiste-t-il. On ne demande pas qu’il nous la donne.»

Quant à savoir comment la Municipalité pourrait percevoir des taxes pendant que le zonage ne le permet pas, le maire reste évasif. «Ça n’a pas rapport avec le zonage; il fait du commerce», insiste-t-il.

«Je fais l’imposition des mains, en priant, sans rien attendre en retour», dit le révérend, précisant qu’ils sont rares ceux qui laissent des dons en échange.

En revanche, le révérend indique que l’église redonne chaque année à divers organismes, dont la Fondation Rock-Guertin, la Société canadienne du cancer et le Club des petits déjeuners.

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