De la Jamaïque à Magog
IMMIGRATION. Passer de 40 degrés a -40, pelleter de la neige au lieu du sable, apprendre le français et rêver d’un métier, c’est le bonheur total pour Nekisha Allen et ses quatre enfants. La mère qui a épousé le Magogois Claude Ferrand ne reculerait pas dans sa Jamaïque natale.
Bien que la Jamaïque soit paradisiaque pour des vacances, près de 80% de la population y vit dans la pauvreté. Ceux qui ont la chance d’y avoir un boulot reçoivent un maigre salaire de près de 1 $ de l’heure. C’est ce que raconte Claude Ferrand qui y a œuvré de 2010 à 2013, entre autre a titre de directeur d’un hôtel d’une soixantaine d’employés.
C’est dans l’établissement voisin qu’il a eu le coup de foudre pour Nekisha, la meilleure massothérapeute qu’il ait connue, selon lui. «Elle ne massait pas comme les autres. Elle faisait aussi de la manucure et pédicure», souligne M. Ferrand.
L’histoire d’amour de Nekisha, monoparentale avec quatre enfants, débuta par un souper qu’elle accepta de la part de celui que toute la villa appelait «general». Leur mariage a été célébré en mars 2012. Le couple vit un conte de fée depuis.
Pour M. Ferrand, son envol vers la Jamaïque avait débuté lorsque des amis québécois l’avaient invité à leur hôtel pour des vacances où il est devenu le directeur. «Je venais de vivre un divorce. J’avais tout perdu. Même mon commerce. J’avais juste le goût de mourir. Mes enfants aussi voulaient que je prenne des vacances», se souvient-il.
L’homme de 61 ans, père lui aussi de quatre enfants âgés entre 23 et 30 ans, affirme ne pas avoir eu de difficulté à faire accepter son nouveau statut avec son adorable Nekisha, 38 ans. Il a même adopté les quatre enfants de sa douce-moitié et, histoire de leur assurer un meilleur avenir, il est revenu seul au Québec en août 2013, pour procéder aux démarches de leur immigration.
Arrivés à -45 degrés
C’est le 10 février 2015 que la première moitié de la famille arriva en sol québécois avec le choc thermique de -45 degrés. «Ils étaient gelés, rigole M. Ferrand. Ils ont été un mois à rester à l’intérieur». Néanmoins, Nekisha insiste à dire combien elle est heureuse à Magog, tout comme ses enfants, dont les autres sont arrivés quelques mois plus tard. «Les gens sont si gentils ici et c’est une si belle ville!», s’exclame-t-elle.
La mère souhaite devenir préposée aux bénéficiaires, tandis que sa fille Jessika aspire à être infirmière et son fils Jerome envisage un métier aux Forces armées. Ce dernier qui a toujours aimé cuisiner a mis peu de temps à tout apprendre de la copropriétaire des Jardins Champêtres, Monique Dubuc, où M. Ferrand est le directeur de l’endroit.
Toute la famille y travaille les week-ends, sauf le plus jeune de 15 ans. «J’Sahane va à l’école La Ruche en secondaire 5», précise M. Ferrand.
Aidant à toutes les tâches, allant du service aux tables à l’entretien des chambres, ils se disent tous riches et heureux de pouvoir vivre ainsi.