Coupe d’arbres controversée dans Memphrémagog: une amende de 6000 $ annulée au Canton de Potton
Une coupe d’arbres a été jugée excessive sur les rives du lac Memphrémagog par le conseil municipal de Potton en février dernier, mais une amende de plus de 6000 $ a été annulée par les mêmes élus moins de trois mois après l’avoir émise.
Une colline située au sud du mont Owl’s Head a été dénudée de ses arbres sur une surface de 4881 mètres carrés, sans autorisation, soit plus de cinq fois la superficie permise. Cette zone équivaut à plus d’un acre et à environ un terrain de football américain. Ces travaux pavent la voix à la construction prochaine d’une résidence.
Le maire du Canton de Potton, Louis Veillon, confirme ce revirement de situation, mais sans donner plus d’explication. Selon lui, un rapport de l’ingénieur forestier de la MRC de Memphrémagog concluait pourtant à un déboisement excessif en février dernier. Deux semaines plus tard, le conseil municipal a adopté une résolution précisant qu’un constat d’infraction soit émis à l’entrepreneur ayant effectué les travaux ainsi qu’au propriétaire du terrain.
Cependant, le propriétaire a convaincu les élus de sa bonne volonté de largement reboiser la zone concernée à ses frais. L’entrepreneur a rencontré les élus pour expliquer son point de vue lors d’un caucus privé. Le 5 mai dernier, donc, une résolution a été adoptée pour annuler l’amende par un vote de 4 contre 2. «Le conseil a changé d’avis mais je ne peux commenter ce qui a été discuté lors de cette rencontre qui était confidentielle. Ce sont les conseillers qui ont pris cette décision, pas le maire. Le dossier est clos avec l’entrepreneur qui n’avait pas eu la même chance par le passé à Austin», résume M. Veillon.
Les deux conseillers qui ont voté contre l’annulation de l’amende n’en reviennent pas. Ils sont convaincus que le propriétaire reboisera à ses frais, mais auraient préféré que l’entrepreneur se défende devant le juge de la Cour municipal, pas en privé devant les élus de Mansonville.
Ces deux élus, Edith Smeesters et Michel Daigneault, ont constaté les dégâts sur le terrain situé sur le chemin Maurice-Côté. Ils comparent le déboisement à une bombe qui a sauté sur la montagne, incluant des secteurs dynamités. «C’était couvert d’arbres, j’ai rarement vu une coupe comme celle-là, qui améliore un panorama déjà exceptionnel vers Jay Peak et le lac Champlain», explique M. Daigneault.
Mme Smeesters déplore également une dégradation à l’environnement, en plus d’accroître le phénomène de l’érosion sur le sommet de cette colline. «Je crains que les gens traduisent ce message comme s’il ne s’agit que de se plaindre à l’Hôtel de Ville pour s’en tirer à bon compte», déplore-t-elle.
L’élue croit à la bonne volonté du propriétaire de reboiser, mais jure qu’il n’était pas nécessaire de couper tous ces arbres pour obtenir une si belle vue vers les monts Sutton et Jay Peak.
Un règlement illlogique sur le déboisement
À l’inverse, le conseiller Pierre Pouliot n’est pas du même avis. Il applaudit le revirement de situation car, selon lui, ce n’est pas au conseil de se battre devant les tribunaux pour des dossiers similaires. «Le propriétaire n’a qu’à poursuivre l’entrepreneur s’il n’est pas satisfait du résultat», lance-t-il.
M. Pouliot croit personnellement que les règlements municipaux sont illogiques pour les déboisements comme ce dossier où une immense maison doit être construite. «Je ne suis pas le seul à penser qu’il existe des lacunes. Le propriétaire n’avait pas le choix de dynamiter pour se construire sur le sommet de cette colline rocailleuse. De plus, il ne déboise que moins de 2 acres sur 40, pas sur trois», insiste-t-il.
M. Pouliot vit très bien avec cette coupe d’arbres car, selon lui, le chemin d’accès menant à la propriété couvre la moitié du déboisement total. «De plus, on n’y trouvait que des essences faibles comme des épinettes et du bouleau noir», termine-t-il.
Pour sa part, la présidente du Comité de développement durable de la MRC de Memphrémagog et mairesse d’Austin, Lisette Maillé, souhaite que les entrepreneurs agissent en citoyen corporatif exemplaire. «Certains refusent des travaux qui ne respectent pas leurs valeurs ou les règlements, d’autres ont malheureusement moins cette conscience sociale», explique-t-elle.
L’entrepreneur et le propriétaire n’avaient pu être joints par le Reflet du Lac au moment d’écrire ces lignes.