Autoroute 10 entre Magog et Eastman: un carambolage dans un endroit «qui ne pardonne pas»

SÉCURITÉ. Lorsqu’une tempête se dessine, les services d’urgence savent que les probabilités sont grandes qu’ils interviennent sur l’autoroute 10, particulièrement entre Magog et Eastman, comme ce fut le cas le 7 février dernier lors d’un carambolage impliquant une trentaine de véhicules.

La scène avait de quoi inquiéter au premier regard. Des voitures et des camions semi-remorque étaient éparpillés de part et d’autre de la chaussée. Même une remorqueuse a été lourdement endommagée, ce qui illustre à quel point les conditions routières étaient difficiles, voire impraticables.

Finalement, quelques personnes été prises en charge par les paramédics, mais on ne parle pas de blessure majeure. Au total, neuf véhicules ont été abîmés et il a fallu environ cinq heures pour nettoyer la scène afin de rouvrir l’autoroute, en direction de Montréal.

Un bilan somme toute positif, sachant que le scénario aurait pu être plus dramatique selon le chef aux opérations au Service de sécurité incendie de Magog, Michel Boudreau. «C’est un endroit qui ne pardonne pas, affirme-t-il. Et quand un camion de 53 pieds dérape, on sait que les conséquences peuvent être très graves. Les conducteurs ont vraiment eu de la chance. Plusieurs sont même entrés volontairement dans le champ pour éviter de foncer dans les voitures plus loin. Ils ont eu le bon réflexe.»

Un climat particulier

Un autre habitué de ces interventions à haut risque est le directeur du service des incendies d’Eastman, Daniel Lefebvre. Ce dernier soutient que la route entre les kilomètres 107 et 109 est particulièrement à risque en raison d’un microclimat. Ce qui provoque des changements drastiques de température, et ce, à tout moment selon lui. «En raison des montagnes et du lac Orford, il y a un taux d’humidité plus élevé qu’ailleurs. Quand il ne fait pas beau, c’est toujours pire à cet endroit. Si les routes sont glissantes, ce n’est pas la faute des déneigeurs du MTQ qui font leur possible. Je pense surtout qu’il y a encore trop de gens qui sont imprudents», constate le directeur Lefebvre.

D’ailleurs, la journée même du spectaculaire accident, Daniel Lefebvre et son équipe ont porté secours à une jeune femme sur l’autoroute 10, cette fois-ci à la hauteur de Waterloo. La conductrice avait effectué plusieurs tonneaux après avoir été coupée par un autre véhicule.

Pas beaucoup de solution

À part de redoubler de prudence, les solutions demeurent limitées pour diminuer le nombre d’accidents dans ce secteur selon les deux intervenants. L’idée de réduire la vitesse peut sembler pertinente à première vue, mais le chef Michel Boudreau est loin d’en être convaincu. «À mon avis, ça ne changerait pas grand-chose. Que ce soit à 100 km/h ou 80 km/h, un véhicule va autant déraper s’il roule sur de la glace noire», croit-il.

Au moins, il existe une alternative. Il s’agit de la route 112 qui relie également Magog et Eastman. À cet endroit, comme l’explique le chef Boudreau, il y a moins de circulation et la vitesse est moins rapide que sur l’autoroute. Toutefois, son confrère Daniel Lefebvre rappelle que cette voie secondaire est déneigée moins rapidement que l’autoroute lors d’une tempête.