Au tour des médecins d’accentuer la pression sur le CIUSSS de l’Estrie

Après deux maires de la région (voir autre texte), c’est au tour des médecins de monter aux barricades pour préserver, voire améliorer, les soins de santé offerts dans la MRC de Memphrémagog.

Mario Wilhelmy et Yves Arcand (voir autre article en page 7) réclament une décentralisation de la gestion actuellement effectuée par les dirigeants du CIUSSS de l’Estrie. Ces deux médecins demandent que les décisions se prennent au niveau local, comme avant le regroupement des hôpitaux estriens.

Membre du comité de vigie et vice-président du Conseil local de médecins, dentistes et pharmaciens, le docteur Wilhelmy qualifie l’actuel modèle comme une «gestion mésadaptée». Contrairement à ce qu’affirme le CIUSSS de l’Estrie, il soutient «qu’on a beaucoup de croûtes à manger pour répondre adéquatement à nos besoins locaux».

Il compare la gestion actuelle à un vaste paquebot qui se dirige tout droit vers un iceberg, car trop de capitaines tardent à prendre des décisions. «Il n’y a pas si longtemps, on était trois directeurs à rapidement trouver des solutions à des problèmes ou combler des besoins locaux. Aujourd’hui, nous avons de la difficulté à obtenir réponse à nos interrogations», déplore-t-il.

Wilhelmy rappelle l’épisode de la grippe, l’hiver dernier, où l’urgence débordait. «On avait pris l’habitude d’ouvrir des lits de débordement pour soigner un nombre croissant de patients malades, dit-il. Plus récemment, le CIUSSS de l’Estrie a pris trois semaines pour ouvrir ces lits, mais le mal était déjà fait.»

Selon lui, il y a trop de gestionnaires à Sherbrooke pour prendre des décisions, ce qui ralentit énormément la prise de décisions et l’application de celles-ci. «Ce n’est pas de la mauvaise foi. Je crois que les dirigeants en place ne connaissent pas suffisamment notre milieu pour répondre à nos besoins spécifiques, estime-t-il. Avant, on pouvait étudier nos propres statistiques pour satisfaire nos patients. Les besoins de Magog ne sont pas toujours les mêmes qu’à Granby.»

Tout comme le président du Comité de vigie de l’Hôpital Memphrémagog, Jean-Guy Gingras, Mario Wilhelmy recommande la nomination d’un directeur général au Centre de santé magogois afin d’obtenir une gestion plus efficace à leurs yeux.

Ils persistent et signent, même si la direction du CIUSSS de l’Estrie a récemment écrit noir sur blanc qu’elle ne retenait pas cette option. Ses dirigeants rappelaient alors que l’arrivée d’un responsable local à Magog ne représentait pas une bonne idée, car les décisions prises à Magog pouvaient avoir un impact sur Sherbrooke, Cowansville ou Granby, et vice versa.