Atelier C de Magog: le coup de tête réfléchi d’une battante

Ayant surmonté un parcours semé d’embûches, Véronique Lettre et Jean-Philippe Turgeon réalisent leur rêve en se lançant en affaires au centre-ville de Magog avec l’Atelier C.

Comme le raconte Mme Lettre, c’est à ses 36 ans en 2009 que sa vie a complètement basculé lorsqu’un diagnostic de cancer de cerveau l’a frappé de plein fouet. Une annonce complètement bouleversante comme elle le raconte cette mère de deux enfants de 6 à 8 ans à l’époque. «J’avais subi une chute en planche à neige et on croyait au départ à une hémorragie cérébrale. Mais après plusieurs tests, ils ont découvert qu’il s’agissait d’une tumeur de la grosseur d’une balle de golf. Pourtant, je n’avais jamais eu de symptômes et j’étais quelqu’un en forme et je n’avais jamais fumé», raconte-t-elle.

La situation était à ce point critique qu’elle s’est retrouvée sur la table d’opération, la même journée de l’annonce inattendue. S’en est suivi un an de chimiothérapie ainsi que 30 traitements de radiothérapie. Malgré les pronostics peu encourageants, elle tenait à demeurer positive et de passer ces moments – peut-être les derniers – dans la joie et l’espoir.

L’écriture s’est avérée en quelque sorte son échappatoire. «Je trouvais qu’il n’y avait pas de livres sur le cancer qui parlait de la vie en général. C’était toujours portée sur le médical, la bouffe ou l’ésotérisme. J’ai écrit un livre qui traite de la maladie avec humour car après le diagnostic, la vie continue et il y a moyen d’être heureux malgré tout. Chaque difficulté devenait un prétexte à écriture, donc c’était plus facile de l’accepter.»

Intitulé «Plus fou que ça, tumeur», son roman publié en 2010 s’est vendu à plus de 10 000 exemplaires. Pour une auteure qui craignait d’être critiquée pour traiter du cancer sur une note humoristique, Mme Lettre a été vite rassurée par ce succès. Cependant, ces moments de réjouissance ont pris une tournure dramatique une fois de plus, en 2015, avec un deuxième diagnostic de cancer, cette fois-ci du sein. Opération et radiothérapie la replongent dans le même cauchemar. Une épreuve qu’elle surmonte une fois de plus avec beaucoup de résilience et qui l’ont amenée à voir la vie différemment.

«Avant d’être malade, j’étais quelqu’un qui prévoyait beaucoup d’avance. Mais la réalité est qu’on ne sait jamais ce qui nous pend au bout du nez. On a beau tout prévoir, tout penser, ça ne compte plus lorsqu’on est frappé par la maladie. Ça m’a fait comprendre l’importance de vivre dans le présent et de faire ce qu’on aime.»

D’où l’idée de changer complètement de carrière pour se lancer en affaires. Et de le faire à Magog était tout à fait logique, puisque son conjoint est originaire de l’endroit. Les deux souhaitent d’ailleurs depuis longtemps délaisser la grande métropole au profit des Cantons-de-l’Est.

 

Faire goûter la santé

Un jour, marchant aux coins des rues Laurier et Principale Ouest, ils ont aperçu un local à louer qui deviendra, finalement, leur nouvel atelier de travail. Ils ont transformés les lieux à leur image pour en faire un endroit convivial qui se décrit à la fois comme un bar à jus santé, un «coffee shop» et un lieu de créations sans gluten.

«On a envie de créer de l’emploi à Magog, de s’intégrer à la communauté et que les gens aient du plaisir en venant nous voir. Au-delà de nos produits, on se donne comme mission de distribuer du bonheur et de rendre les gens heureux. C’est une ville que nous adorons et nous espérons que les Magogois nous adoptent à leur tour.»