40 ans à vendre des sapins de Noël provenant de sa terre à Ayer’s Cliff

Par Romy Quenneville-Girard

RÉJOUISSANCES. Lionel Filion vend des sapins de Noël au marché Jean-Talon de Montréal depuis 40 ans. L’homme s’y installe pour gagner sa vie, mais également pour y vivre des moments magiques et inoubliables.

Pour M. Filion, vendre un sapin, c’est distribuer le bonheur.  «C’est ce qui me motive à le faire année après année. Je veux continuer encore longtemps. En fait, tant que je vais en être capable», affirme l’homme de 71 ans.

Lionel Filion habite à Saint-Joachim-de-Shefford. Il cultive ses sapins sur une terre qui se retrouve à la frontière d’Ayer’s Cliff et de Stanstead-Est. Il se rend régulièrement sur cette terre appartenant à une famille bien connue du village, les Brus, pour entretenir ses centaines de sapins. «J’ai des propriétaires qui s’occupent très bien du terrain. Sans eux, ça ne serait pas pareil», tient-il à souligner.

Lorsqu’arrive novembre, M. Filion appelle tous ses clients, sans exception. «Je les appelle moi-même pour leur dire que je serai de retour au marché et que je leur souhaite la bienvenue. Parfois, quand on fait ce genre d’appel, on s’attend à se faire virer de bord. Chaque année, je suis surpris de l’accueil des gens. Ils sont tous très contents», rapporte-t-il.

Le cultivateur de sapins provient d’une famille de bûcherons. «J’ai bûché toute ma vie», relate-t-il. C’est en voyant les vendeurs de sapins du marché Atwater dans les années 1970 que M. Filion décide qu’il allait faire la même chose.

Maintenant, l’homme de 71 ans est propriétaire de l’une des plus florissantes entreprises de sapins de Noël. C’est d’ailleurs une entreprise familiale. Il peut compter sur le soutien et l’aide de membres de sa famille.

La magie de Noël

En 40 ans, il a vu des milliers de visages et vécus de grandes émotions. En 1978, il a donné des sapins à trois enfants défavorisés. «La petite fille s’est mise à chanter et ç’a m’a ému», raconte-t-il.  Cette même jeune fille est restée proche de M. Fillion. À un tel point qu’elle est considérée comme un membre de sa famille.

Il se souvient également d’un père et de sa jeune fille qui sont allés le voir pour acheter un sapin. «Le père essayait d’avoir un meilleur prix. J’ai baissé mon prix pour lui parce que je voyais bien qu’il n’avait pas les moyens. Malgré tout, c’était trop cher. J’ai traversé la rue pour retourner le voir et je lui ai offert le sapin gratuitement. Fallait voir le sourire et les yeux de l’enfant.»

Si Lionel Filion donne autant, c’est parce qu’il comprend ce qu’est la pauvreté. «À l’époque, tout le monde était pauvre, mais nous, on était extrêmement pauvre», affirme-t-il.

«Noël était une belle période pour nous, ajoute M. Filion. On avait un sapin, mais on avait aussi de la nourriture grâce à la générosité des Chevaliers de Colomb.»

Lionel Filion n’a jamais oublié cet acte de générosité. C’est le cœur sur la main qu’il donne, à son tour, au suivant.

Lionel Filion sera au marché Jean-Talon jusqu’à ce dimanche 24 décembre.