10 ans après l’ouverture du Walmart à Magog: les commerçants locaux doivent se démarquer
L’arrivée du Walmart a chamboulé les habitudes des consommateurs, mais aussi celle des commerçants déjà en place. C’est le cas du Canadian Tire, qui partage pratiquement la même cour que son compétiteur.
Malgré tout, son propriétaire Jean-Claude Lapierre n’a jamais manifesté la moindre réticence. «C’est sûr que le timing était dérangeant, car je venais de doubler la superficie de mon magasin et le Walmart arrivait en même temps que les fermetures d’usines dans le parc industriel. Mais dans le secteur commercial, il est toujours préférable d’être regroupé, un à côté de l’autre, surtout dans une petite ville comme la nôtre», fait remarquer M. Lapierre.
Autre texte sur le même sujet:
«Pour moi, création d’emplois et Walmart, ça ne va pas ensemble»
Reste que l’homme d’affaires et son équipe ont dû s’adapter à cette nouvelle réalité du marché. Il ne cache pas que ses affaires ont été affectées, mais les dommages ont été limités. «On l’a surtout vu sur des produits précis comme les petits appareils ménagers et le rangement, explique M. Lapierre. On a donc décidé de miser sur nos forces et sur ce qui nous différencie en étant très agressif sur le saisonnier, le sport et la quincaillerie. On dépanne aussi beaucoup de gens avec notre centre mécanique qui est ouvert la fin de semaine. C’est facile de chialer, mais ça ne corrige rien. Je préfère être positif et dépenser mes énergies et mon temps sur des solutions.»
L’alimentation en arrache
Le portrait est toutefois moins rose dans le marché de l’alimentation alors que l’ouverture du Supercentre, en 2015, a rendu les affaires bien difficiles pour les épiciers en place. C’est du moins l’avis de la propriétaire du IGA Extra Gazaille, Annick Gazaille. «Avant, la compétition se jouait à armes égales entre moi, le Métro et le Provigo. Maintenant, on se bat contre un magasin à escomptes, c’est très difficile, surtout quand c’est le prix qui mène plus que jamais», concède-t-elle.
La situation est telle que la femme d’affaires a dû revoir la nécessité de chacun des postes en magasin. Elle embauche actuellement 150 employés alors qu’il y en a déjà eu près de 190. Une conséquence directe du fait que les revenus sont en baisses. «Je ne jugerai jamais les gens qui vont magasiner ailleurs qu’à mon magasin. Mais en même temps, j’ai un peu de difficulté avec une personne qui ne vient jamais chez moi, mais qui demande mon soutien par une commandite. J’ai toujours été impliquée dans la communauté et je vais continuer à l’être. Mais dans le contexte actuel, je ne peux plus donner autant qu’avant. Je dois faire des choix et c’est certain que je préfère soutenir une personne qui m’encourage à son tour. C’est une façon d’être équitable des deux côtés et j’essaie de sensibiliser les gens à cette réalité.»
«Notre but est d’offrir les meilleurs prix»
Directeur principal des affaires corporatives chez Walmart, Alex Roberton explique que la politique de l’entreprise est de faire économiser ses clients, non pas seulement sur un produit, mais sur l’ensemble d’un panier. Il explique que toutes les opérations sont menées de manière à être le plus efficaces possible. «On teste depuis peu un service d’achat en ligne. Les clients font leur commande à distance. Ils n’ont qu’à venir la chercher et tout est prêt. Un commis s’occupe même de l’apporter dans la voiture. Ce n’est pas encore offert à Magog, mais ça pourrait venir», lance M. Roberton.
En réponse à ceux qui ont une opinion négative de son employeur, M. Roberton rétorque que la popularité de Walmart profite aussi aux autres commerces environnants. «Notre achalandage aide les commerces aux alentours et même ceux que l’on trouve à l’intérieur de nos magasins, comme des lunetteries et des pharmacies. De plus, nous ne sommes pas en compétition avec les magasins spécialisés qui ont un niveau de services plus élevé», précise-t-il.
L’environnement est aussi au cœur de la philosophie de Walmart, aux dires de M. Roberton. Il fait valoir que tous les projets en cours et à venir visent trois objectifs, soit l’atteinte du zéro déchet, l’utilisation de l’énergie renouvelable à 100% et offrir des produits sains pour l’environnement et pour la santé de nos clients. «On a cessé également de donner les sacs en plastique. Cette mesure a été assez bien reçue. C’est sûr que notre ambition serait de les enlever complètement, mais nous n’en sommes pas encore là», conclut-il.