Quand la santé mentale « monopolise » le travail des policiers

INTERVENTIONS. Les problèmes liés à la santé mentale continuent d’être un véritable fléau dans la région comme ailleurs au Québec, comme le révèle le plus récent bilan annuel de la Régie de police de Memphrémagog (RPM). 

En 2021, ce sont 245 dossiers en semblable matière qui ont été traités par la RPM sur son territoire, soit Magog, Canton d’Orford, Austin et Sainte-Catherine-de-Hatley. Une tendance à la hausse qui était prévisible, selon le directeur Mario Leblanc, notamment en raison de la pandémie et de ses impacts collatéraux. « On sait que la pandémie et les mesures sanitaires y sont pour quelque chose. Beaucoup de gens se sont retrouvés isolés et laissés à eux-mêmes avec leurs problématiques. D’autres sont juste épuisés et au bout du rouleau »

Si certains cas sont plus complexes que d’autres, le directeur se dit encouragé par le travail accompli sur le terrain. Non seulement ses policiers sont mieux formés pour faire face à ces situations, mais ils sont aussi accompagnés d’intervenants pour les épauler. « Quand j’ai commencé ma carrière comme policier, on intervenait seulement lorsqu’il y avait un risque à la vie d’une personne. Aujourd’hui, on est complètement dans une autre dynamique », se souvient Mario Leblanc.

« Pour chaque dossier de santé mentale, nos policiers font des suivis personnalisés afin de s’assurer que les personnes vont bien et qu’elles reçoivent le support nécessaire du CIUSSS notamment. Il n’y a rien qui est laissé au hasard et on voit concrètement que ça donne de bons résultats », observe-t-il.

Davantage de dénonciations

L’année 2021 a aussi donné lieu à une légère hausse des crimes contre la personne, dont les agressions sexuelles. Une cinquantaine de plaintes ont été déposées à la RPM, dont plusieurs impliquant des adolescents et de jeunes adultes. « C’est la contintuié du mouvement #Metoo, qui a ouvert la porte aux dénonciations. Je ne pense pas qu’il y ait plus de cas qu’avant; les gens dénoncent simplement davantage. Ce qui était toléré par le passé ne l’est plus aujourd’hui et c’est une bonne chose », est d’avis le directeur Leblanc.

Ce dernier voit même davantage de victimes porter plainte pour des événements remontant à plusieurs années. Il assure d’ailleurs que tout est mis en oeuvre à l’interne pour que ce processus très émotif se fasse dans le respect et au rythme de chacun. « De dénoncer, c’est quelque chose qui demande beaucoup de courage. Quand une victime accepte de parler, nos policiers sont entièrement dédiés et ils vont tout faire pour qu’il n’y ait pas d’obstacle en chemin qui pourrait l’amener à abandonner. C’est assez impressionnant de les voir travailler de la sorte, sans compter leurs heures. »

Le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) possède un bureau au quartier général de la RPM, où les intervenants y travaillent deux fois par semaine.

Des menaces en virtuel… et criminelles

Le crime qui a connu un bond important en 2021 est celui d’avoir proféré des menaces, avec 57 dossiers. Comme l’explique le grand patron de la RPM, plusieurs de ces cas ont été faits sur les médias sociaux par des utilisateurs qui se sentent plus « invincibles » derrière un écran. « Étant donné que ça se passe sur un ordinateur ou un téléphone, les personnes qui font des menaces ont moins conscience de la portée de leur geste, constate-t-il. Ils pensent que leurs propos sont moins graves que s’ils les avaient faits de vive voix avec la personne. Pourtant, pour chaque plainte, il y a une enquête qui peut aboutir sur des accusations criminelles. »

Par diverses techniques d’enquête, la RPM peut même retracer l’auteur de propos menaçants ou injurieux qui ont été publiés de façon anonyme sur les réseaux sociaux. 

Autres faits saillants du bilan 2021

Nombre d’appels: 12 883

Crimes contre la personne: 245

Accidents de la route: 501, dont 88 délits de fuite

Crimes contre la propriété (fraude, vol identité, etc.): 517

Constats d’infraction: 6540, dont 4691 à Magog