135 ans de franc-maçonnerie à Magog

Fraternité, encore peu connue des francophones, la franc-maçonnerie fait partie de la toile culturelle et sociale québécoise depuis plus de 250 ans. Organisation fraternelle d’origine obscure, elle date de la fin du XVIe ou début du XVIIe s. Cette société, qui avait d’abord l’allure d’un organisme secret, s’est transformée en une confrérie semi-secrète, et elle se veut aujourd’hui une société «qui garde certains secrets». Pour des raisons historiques et traditionnelles, seuls les hommes y sont admis, sans égard à la race et à la religion.

La franc-maçonnerie n’est ni une secte, ni une religion, ni un regroupement politique, dont le but recherché serait le contrôle des autres. C’est une fraternité qui est vouée à l’amélioration de la morale de la société et au bien-être du prochain, des pauvres et des plus démunis. Les Shriners, leur élément le plus visible, commanditent des hôpitaux pour enfants malades, dont un à Montréal.

Pour des raisons que je connais peu, cette organisation a eu maille à partir avec plusieurs religions, dont la religion catholique. Il n’y a pas très longtemps, était menacé d’excommunication celui qui se joignait aux rites maçonniques. La position de l’Église s’est quelque peu assouplie à ce sujet, mais encore en mars 2007, le Vatican redisait son opposition au mouvement en affirmant que l’appartenance à la franc-maçonnerie et à l’Église catholique était incompatible aux yeux de l’Église à cause de la conception mystique qui leur est propre.

Au Québec, la franc-maçonnerie est chapeautée par la Grande Loge de Québec qui regroupe quelque 80 loges, la plupart anglophones. Selon les observations les plus récentes, il y aurait quelque 5 millions de francs-maçons au monde, environ 100 000 au Canada et près de 5 000 au Québec. Peu de gens, à l’exception de ma génération peut-être, connaissent l’existence d’une loge maçonnique locale, la «Lake Magog Masonic Lodge No. 55». Établie depuis maintenant 135 ans, cette loge voyait le jour le 28 mai 1874 sous les auspices de la «Mount Orford Lodge» de Georgeville, qui elle, émanait de la «Golden Rule Lodge» de Stanstead, fondée en 1803.

Les membres fondateurs de cette loge locale étaient : A.W. Hoyt, George W. Ayer, Lavinus K. Drew, Philip C. Verbeck, Alphonso O. Hoyt, O.E. Young, B.T. Webb, John A. Phelan et Alvin H. Moore, tous des hommes d’affaires et des leaders de leur communauté. Dès l’assemblée inaugurale, six demandes d’adhésion sont soumises, dont les docteurs George Orlando Somers et James Burgess Hall.

Cette loge de Magog compte actuellement 74 membres en règle. Les officiers supérieurs sont Michel Anto, Lawrence Pye, R. Scheib, Kevin Buzzell, Keith Sager, James Smith, Robert Jarjour et François LaRue

Le lieu de leurs réunions a changé souvent au cours des ans. L’hôtel Park House a servi à cette fin jusqu’à sa destruction par le feu en avril 1904. Ce fut ensuite le deuxième étage du magasin Moore (site de la Banque de Montréal), jusqu’à la fin des années 1920. À la suite de la fusion de l’Église Unie du Canada avec l’Église méthodiste, en 1925, la loge maçonnique de Magog achète l’église méthodiste de la rue Merry Nord (Le Vieux Clocher). Ils l’utilisent pour leurs propres activités et y autorisent d’autres activités communautaires. Étant enfants, on nous suggérait fortement de traverser la rue si l’on devait passer devant le temple maçonnique de la rue Merry. Aujourd’hui, les réunions sont tenues le deuxième jeudi du mois dans la salle communautaire de l’église St.Luke au 122 rue Des Pins.

Depuis 1857, les francs-maçons de la région se réunissent annuellement dans une loge «naturelle» initiatique située sur le mont Owl’s Head. L’événement a lieu au solstice d’été. La «Lake Magog Masonic Lodge No 55», célébrera ses 135 années de présence à Magog, le 24 mai prochain par une cérémonie qui aura lieu à l’église St. Paul’s United de la rue des Pins. Le public est invité.

Maurice Langlois

Société d’histoire de Magog