Un exploit physique et mental pour le culturiste Luc Poulin

PERFORMANCE.  Un passionné de musculation a repoussé les lois de la physique au cours des dernières semaines alors que du haut de ses 65 ans, il a été l’un des rares canadiens à prendre part à une compétition nationale de culturisme. 

Il faut dire que le corps humain et l’exercice physique n’ont plus de secret pour Luc Poulin, bien connu au Centre California Gym de Magog où il agit à titre d’entraîneur. Ayant pratiqué le culturisme de façon professionnelle dans les années 1990, il pensait bien avoir mis une croix sur cette passion.

Toutefois, c’est un concours de circonstances plutôt inattendu qui l’a conduit à Toronto le 8 octobre dernier lors des championnats canadiens.  « Pour mes 65 ans, j’avais envie de voir l’héritage musculaire qui me restait de mes 50 années d’entraînement, raconte celui qui a commencé à soulever des poids à l’âge de 13 ans et qui n’a jamais arrêté depuis. Au départ, c’était simplement pour faire une photo, mais rapidement, quand j’ai vu des changements sur mon corps, ça a réveillé en moi des choses qui m’allumaient il y a plus de 30 ans. En plus, j’ai rencontré une personne qui se préparait justement pour une compéttion alors ça m’a donné envie de l’essayer aussi, une dernière fois, pour aller voir jusqu’où je pouvais me rendre au niveau compétitif », raconte-t-il.

Au cours de l’été, il a entrepris un entraînement intensif pendant 16 semaines consécutives. En plus de l’entraînement physique, il a dû suivre une diète assez contraignante. Un «mode de vie» intense qui est nécessaire dans ce type de discipline. «Je m’entraînais six jours par semaine, en plus de suivre une alimentation stricte en calculant le niveau de calories notamment. Des petits soupers improvisés, c’est assez rare et l’alcool ou les drogues, on oublie ça. Certains disent qu’il faut faire beaucoup de sacrifices, mais il faut le voir comme un mode de vie et non comme une punition ou quelque chose de négatif. Ce qui m’a aidé, c’est que je vis seul. J’ai donc pu le faire sans brimer la vie d’une autre personne. Un compétiteur qui est en couple ou qui a une famille, c’est tout le monde autour de lui qui écope. Car pour avoir une telle discipline, il faut être égoïste, sans quoi, tu ne réussis pas.»

Une victoire physique et mentale

Finalement, le 25 septembre, Luc Poulin a pris part au Summum Classic de Montréal, une compétition régionale visant à obtenir une qualification pour les championnats canadiens. Sans surprise, dans sa catégorie d’âge chez les 60 ans et plus, il s’est avéré le seul à se présenter sur scène, ce qui lui a valu automatiquement son laissez-passer. «J’ai gagné par défaut, même si j’étais prêt à compétitionner. Il faut dire que c’est très rare des personnes de mon âge qui ont la passion, l’audace et je dirais même la folie de faire un truc comme ça!», lance-t-il en riant.

Deux semaines plus tard, soit le 8 octobre,  il s’est dirigé vers Toronto au «Canadian National Pro Qualifier IFBB». Cette fois-ci, il a terminé deuxième derrière son seul adversaire, un «jeune» sexagénaire qui venait à peine de franchir le cap des 60 ans. 

Un accomplissement qui vient bien au-delà de l’aspect physique, comme le raconte le principal intéressé. «Une semaine avant l’événement à Toronro, j’ai subi une blessure, une espèce d’entorse lombaire. La veille de la compétition, j’ai passé la nuit à prendre des relaxants musculaires et des médicaments pour m’aider, mais la douleur était tellement intense que je ne savais pas si j’allais pouvoir y participer.»

«Mais comme athlète, j’ai toujours voulu présenter la meilleure version de moi-même. Je me suis dit que le pire qui pourrait arriver, c’est que je tombe et que j’aie besoin d’aide pour sortir. Ça me donnera juste une bonne leçon à l’orgueil. Au final, malgré  la douleur, je suis allé jusqu’au bout et j’ai accompli encore plus que ce que j’espérais. Ce fut une belle leçon d’humilité!», conclut-il.