Des cormorans de plus en plus présents au lac Memphrémagog?

NATURE. Le cormoran à aigrettes serait de plus en plus présent sur le lac Memphrémagog selon un plaisancier de longue date, mais le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs ainsi que le groupe Memphrémagog Conservation Inc. (MCI) hésitent à franchir ce pas.

Paul Comeau aperçoit ces cormorans aux Trois-Îles depuis trois ans. Il est convaincu d’en voir plus, tout en constatant des dégâts supplémentaires sur la végétation de ces petites îles. «Une centaine de ces oiseaux commencent même à causer des dommages sur les arbres d’une seconde île, observe-t-il. Selon moi, les dégâts causés par leurs excréments seront encore plus importants dans deux ou trois ans.»

Comeau ne voyait pas de cormorans dans le paysage du Memphrémagog par le passé. Aujourd’hui, il se questionne sur leur présence aux Trois-Îles, mais aussi dans la baie Channell.

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) confirme la présence de cormorans sur le territoire estrien, mais en moins grande quantité que dans le tronçon fluvial du Saint-Laurent. Il ne possède toutefois pas de données spécifiques sur la présence de cette espèce au lac Memphrémagog.

Dans un courriel, le MFFP explique que les cormorans ont un impact sur la végétation de leur site de nidification, puisque l’accumulation de leurs excréments peut faire mourir la végétation en place. De plus,  les cormorans récoltent des branches d’arbres pour la fabrication de leur nid.

«Le MFFP effectue une mise à jour du portrait des populations de cormorans à aigrettes à l’échelle de la province du Québec et prend en considération les enjeux soulevés par sa présence. Le Ministère proposera, si requis, des modalités de gestion», lit-on par l’intermédiaire du conseiller en communication Dominique David.

«Pour l’instant, aucun dommage important causé par la présence de ces oiseaux n’est documenté en Estrie. Le Ministère favorise une approche de cohabitation et de tolérance avec cette espèce constitutive de notre biodiversité là où c’est possible», ajoute le porte-parole du Ministère.

La biologiste et directrice générale du MCI, Ariane Orjikh, confirme qu’il s’agit d’une espèce très commune au lac Memphrémagog. Aucun calcul de sa population n’a toutefois été réalisé pour vérifier si la présence des cormorans était à la hausse ou non.

Elle a déjà constaté des dégâts sur les Trois-Îles, mais elle tient à préciser que ces dommages seraient plus importants si les cormorans se tenaient près des plages, causant ainsi des problèmes de coliformes fécaux.

«Les Trois-îles sont isolées sur un grand lac et elles représentent un bel habitat pour les cormorans, dit-elle. Je ne suis pas de l’école de pensée qui prône de badigeonner et tuer les œufs des oiseaux aquatiques pour limiter l’impact de leurs excréments.»