Centre-ville: débat sur la hauteur des bâtiments et sur la location à court terme

AFFAIRES. La conversion proposée de l’ancien magasin Rossy a déclenché un débat non seulement sur le nombre d’étages à permettre au centre-ville de Magog, mais aussi sur l’autorisation de la location à court terme de type Airbnb sur la rue Principale.

Une soixantaine de citoyens ont participé à la consultation publique de mardi dernier (2 février) portant sur ces deux volets. Les commentaires se font également nombreux sur les réseaux sociaux. Les avis sont encore une fois partagés, voire polarisés entre deux positions bien campées.

Plusieurs applaudissent l’intention de la Ville de vouloir attirer une nouvelle clientèle touristique, qui a souvent recours à des plateformes sur le web pour réserver leur hébergement de 31 jours et moins. Ces partisans estiment que le centre-ville est l’endroit tout désigné pour accueillir cette clientèle, qui pourra ainsi profiter des attractions et des commerces du centre-ville sans se déplacer en voiture.

«Ils iront tout simplement ailleurs si on n’a pas cette structure d’accueil, prévient la mairesse Vicki-May Hamm. D’autres accepteront des visiteurs de façon illégale dans d’autres quartiers magogois; aussi bien encadrer cette populaire façon de voyager avec des règlements en bonne et due forme.»

À l’inverse, des propriétaires de gîtes touristiques ont profité de cette soirée pour manifester leurs inquiétudes. Ils craignent pour la survie de leurs entreprises si la location à court terme se déploie davantage à Magog.

L’aspect social préoccupe également une partie des citoyens ayant émis leurs opinions. C’est le cas de Josée Boily, qui œuvre dans le milieu communautaire depuis plusieurs années. «J’émets des réserves, signale-t-elle. Je crains que des locations à court terme à la hausse expulsent du centre-ville des actuels locataires moins nantis, en réduisant considérablement l’offre de logement.»

À ce sujet, la mairesse réplique que le conseil souhaite obliger une mixité d’usages en imposant des proportions à respecter entre logements permanents et location à court terme.

L’homme d’affaires Alain Vanden Eynden rappelle que le milieu magogois réclame de l’hébergement supplémentaire au centre-ville depuis plus de 20 ans.

Le professeur universitaire David Morin propose de vérifier les réelles retombées économiques des clients des hébergements traditionnels comparativement aux locateurs à court terme réservant sur les plateformes de type Airbnb, avant de prendre une décision.

Un 4e étage qui attire l’attention

La hauteur des bâtiments tracasse par ailleurs une partie des contribuables présents à la soirée du 2 février. «Trop massif», «manque d’harmonie», «énorme», «incohérence urbanistique» et «un 4e étage qui défigure le paysage» se trouvent parmi les commentaires émis.

Présidente de la Maison Merry, Marie-France Bourdages préfère une option «à échelle humaine» limitée à 3 étages et 12 mètres plutôt qu’à 4 étages et 13,5 mètres, telle que souhaitée par le promoteur William Belval (voir photo).

D’autres ont félicité la Ville d’entrer enfin dans la modernité et le 21e siècle. L’homme d’affaires Andy Buntic (salon de barbier L2D et comptoir à tartares Küto) est manifestement favorable à 100%. «Le projet est au goût du jour, commente-t-il. Il attirera une nouvelle clientèle et stimulera une économie locale qui en aura grandement besoin.»

Les élus donneront une orientation à ce dossier en février afin d’amorcer les autres étapes habituelles pour modifier le règlement ou pour garder le statu quo.

Le conseil propose d’abaisser la hauteur actuellement permise de 15 mètres pour un maximum de trois étages. Les élus suggèrent de faire passer la hauteur maximale des bâtiments à 13,5 mètres à partir du trottoir de la rue Principale, incluant le dernier étage en retrait sur le toit.

Mme Hamm espère que le conseil tiendra compte de toutes les opinions et non pas seulement celles entendues lors de la consultation du 2 février. Elle prévoit déjà un conseil qui ne sera pas unanime sur cette question.