Sarah Rodrigue a fait la paix avec ses «maudites hormones»

TÉMOIGNAGE. Discuter de la problématique du syndrome prémenstruel (SPM) avec votre douce moitié peut s’avérer passablement inconfortable. Sarah Rodrigue espère faciliter la chose à tout le monde – hommes et femmes – avec son livre «Maudites hormones», qui traite de ce sujet tout aussi sensible que pertinent.

L’autrice magogoise est sans doute l’une des premières au Québec à parler aussi ouvertement des hormones féminines et de leurs conséquences parfois néfastes. «On la connaît cette image de la femme hystérique qui hurle contre son mari, qui perd les pédales parce qu’on la dépasse dans la file d’attente ou qui engueule ses enfants pendant le pique-nique familial. C’est tellement stéréotypé que c’en est presque drôle. Mais pourtant, cette femme c’est moi. Et c’est peut-être vous…», lance-t-elle dans l’une de ses présentations.

Atteinte d’un trouble dysphorique prémenstruel (un syndrome prémenstruel extrême!) depuis son adolescence, Sarah Rodrigue a vécu l’enfer pendant plus de 25 ans, avant que le milieu médical ne réussisse à mettre un nom sur le mal qui la rongeait. «Mon SPM durait 10 jours par mois. Pendant cette période, je souffrais de migraines, de crampes débilitantes, de crises de rage, d’étourdissements, etc. Très souvent, je devais rester alitée et j’annulais de nombreux rendez-vous professionnels», explique cette politicologue de formation, reconvertie en coordonnatrice d’événements.

«Vous n’imaginez pas le nombre d’excuses que j’ai dû inventer au fil des ans pour justifier mes absences, autant dans mon travail que sur le plan personnel. Même mon conjoint se mettait parfois de la partie en prétextant qu’il avait lui-même trop de boulot pour éviter qu’on se rende à un party avec des amis», ajoute celle dont la personnalité éclatante contraste avec une bonne partie de son récit.

Avant de trouver une solution à son trouble hormonal (elle a subi l’ablation de l’utérus et des ovaires en mars 2019), la femme de 42 ans a tenté d’innombrables traitements, allant des régimes alimentaires à la méditation, en passant par l’acupuncture, l’exercice physique ou encore l’hypnose. Et ce, sans oublier une panoplie d’antidépresseurs et autres anti-douleurs.

Les médecins lui ont même suggéré des électrochocs à un certain moment, tellement la dépression faisait des ravages. «La santé mentale et les hormones, c’est un bien mauvais mix», concède la mère d’une adolescente de 13 ans.

Oui, il y a de l’espoir

Si elle a choisi d’étaler son histoire dans un livre, c’est pour mettre des mots et documenter une facette féminine parfois tabou. En donnant des pistes de solution, en expliquant certains traitements et en s’appuyant sur des avis médicaux, elle souhaite démontrer à celles qui vivent

Sarah Rodrigue souhaite démontrer à celles qui vivent des situations semblables qu’il faut garder espoir. (Photo Le Reflet du Lac – Patrick Trudeau)

des situations semblables qu’il faut garder espoir. «Il y a un pourcentage très élevé de femmes qui souffrent en silence chaque mois, en raison de leur syndrome prémenstruel. Et ça n’a pas besoin d’être extrême, comme dans mon cas, pour bouleverser notre existence», insiste-t-elle.

«Ce n’est pas parce que c’est naturel que ça se vit naturellement bien», fait-elle justement valoir dans l’une des chroniques de son blogue (sarahrodrigue.ca), créé spécialement pour parler des hormones féminines.

Un agenda pour les «mauvaises journées»

En dépit de tout ce qu’elle a vécu, Sarah Rodrigue s’estime chanceuse d’avoir été si bien entourée par les membres de sa famille, particulièrement par son amoureux. «Mon mari pouvait subvenir à nos besoins, même si je manquais des journées de travail, et il s’occupait de toutes les tâches quotidiennes lorsque j’étais incapable de me lever du lit. J’ai peine à imaginer la mère monoparentale qui doit traverser tout ça en étant seule à la maison avec deux ou trois enfants», se désole-t-elle, en pensant aux autres femmes.

Son conjoint David Morin aurait d’ailleurs pu prendre la poudre d’escampette à maintes reprises, alors qu’il cohabitait avec une version moderne de «docteur Jekyll et Mister Hyde». Et probablement personne ne l’aurait blâmé.

«Un SPM extrême, c’est comme un ouragan de catégorie 4 ou 5 qui s’invite à la maison chaque mois. Mais il faut se rappeler d’une chose; cette situation est passagère et les beaux jours finissent par revenir. Quand elle était dans ses bonnes journées, Sarah mordait toujours dans la vie et elle apportait beaucoup de joie autour d’elle», laisse-t-il entendre, avec une affection qu’on devine infinie.

«La communication est aussi très importante et un couple ne devrait pas se gêner pour aborder le sujet du SPM. Dans notre cas, nous avions conçu un agenda sur lequel nous inscrivions les dates des «mauvaises journées», afin de mieux planifier nos activités et d’éviter les rendez-vous en période critique», explique celui qui profite du livre pour dévoiler – avec humour, bien sûr – quelques phrases-clés «à ne pas prononcer» lorsque sa conjointe est affectée par un SPM.

«Mais, je ne suis pas aussi parfait que Sarah me décrit dans son livre, tempère David Morin. Très souvent, j’ai été impatient et je n’ai pas su utiliser les bons mots. Il ne faut surtout pas hésiter à demander de l’aide professionnelle, comme moi je l’ai fait. Nous, les hommes, on a parfois l’orgueil mal placé», a-t-il fait remarquer.

Livre et blogue

Publié par les éditions Les Malins, le livre «Maudites hormones» est disponible depuis quelques jours dans la majorité des librairies et plusieurs grandes surfaces. L’autrice publie également des chroniques et informations pertinentes sur son blogue Sarah Rodrigue/Hormones et cie (sarahrodrigue.ca), ainsi que sur différents médias sociaux.