Un jeune handicapé signe une levée de fonds à vitesse grand V

GÉNÉROSITÉ. Même s’il est confiné dans un fauteuil roulant, Marc-Olivier Savard a sans doute signé un record de vitesse dans le monde des campagnes de sociofinancement. En l’espace de 72 h, le jeune Magogois est parvenu à recueillir les 7500 $ nécessaires pour retrouver une vie normale, après des mois d’incertitude et de complications.

Déjà aux prises avec des difficultés liées à sa condition physique, Marc-Olivier Savard a vu son quotidien devenir encore plus «lourd» l’été dernier. Alors qu’il se trouvait dans une piscine résidentielle, son fauteuil roulant motorisé est tombé à l’eau devant ses yeux.

Un bête accident qu’il explique encore bien mal. «Je n’ai pas vu exactement ce qui s’est produit. Mais je soupçonne que c’est le vent qui a fait tomber ma serviette sur la commande de contrôle, ce qui a mis le fauteuil en marche. Ce n’est pas une histoire impliquant de l’alcool, loin de là!», lance-t-il en riant, sachant que cette idée effleurera l’esprit de certains.

Résultat: son «véhicule» est déclaré perte totale. Le jeune homme s’est donc retrouvé, du jour au lendemain, sans rien pour se déplacer, lui qui est incapable de se tenir debout.

Heureusement, il a pu être dépanné temporairement par le Centre de réadaptation de l’Estrie. Mais il lui fallait trouver un plan B rapidement, ce qui était beaucoup plus simple à dire qu’à faire. «Les coûts de remplacement étaient très chers, car la RAMQ ne pouvait pas assurer les frais étant donné que mon ancien fauteuil n’avait pas atteint la durée de vie exigée de 5 ans, explique le principal intéressé. L’alternative était de passer par une assurance privée, mais à elle seule, la franchise pour ouvrir un dossier est de 2000 $. Pour moi, c’était un gros imprévu.»

Marc-Olivier Savard a besoin de son fauteuil roulant pour se déplacer, lui qui est incapable de se tenir debout.

 

À vitesse grand V

Voilà pourquoi il a décidé de se tourner vers une campagne de sociofinancement, par l’entremise la plateforme Gofundme. Une première pour lui. Son histoire a visiblement touché bien des cordes sensibles puisqu’en seulement trois heures, son objectif de 2000 $ avait été atteint.

Un résultat spectaculaire qui l’a convaincu de pousser sa chance encore plus loin. «Parallèlement à mon accident, ma famille et moi étions en démarche pour changer notre véhicule adapté, qui avait fait son temps. Je me suis dit: pourquoi ne pas profiter de cet engouement pour augmenter mon objectif à 7500 $? Trois jours plus tard, j’avais réussi. Je n’en revenais pas!», s’exclame celui qui étudie en finances à l’Université Bishop’s.

En plus de lui avoir enlevé une pression énorme sur ses épaules et celles de son entourage, Marc-Olivier Savard soutient que cette campagne lui a littéralement donné un deuxième souffle pour se tenir debout contre les injustices. «Si j’ai demandé de l’aide de la communauté, c’est avant tout parce je suis convaincu que la liberté de mouvement est un droit fondamental et que personne ne devrait payer pour se déplacer et bouger librement, persiste-t-il. Je le fais aussi dans l’espoir d’inspirer les personnes qui sont prises avec un handicap physique à se battre contre cette forme d’adversité, qui est souvent lourde à porter au quotidien.»

Et par-dessus tout, il tenait à offrir un répit à ses proches qui ont fait beaucoup de sacrifices depuis maintenant 22 ans, en raison de son manque d’autonomie. «Ce n’est facile pour personne avec le contexte actuel, mais disons que mon entourage a vraiment souffert des répercussions économiques de la COVID. D’autant plus que ma mère, qui est mon aidante-naturelle principale, a eu un gros accident de ski cet hiver. Elle s’est retrouvée en chaise roulante, comme moi, pendant trois mois. Pas besoin de vous dire à quel point cette vague d’amour ne pouvait arriver à un meilleur moment», conclut-il, visiblement très reconnaissant.