Magog: une église où les mariages et les baptêmes sont interdits

PROJET. Même si la Ville de Magog a ouvert la porte à de nouveaux usages pour donner un second souffle à l’église Saint-Luke, qui est fermée et à vendre depuis deux ans, certaines omissions ont de quoi contrarier les plus fervents croyants, comme celle interdisant la tenue de baptêmes ou de mariages entre ces murs sacrés.

À la demande du voisinage qui craint les impacts du bruit et du va-et-vient, particulièrement en soirée, la Municipalité a fait le choix de refuser tout projet de conversion qui inclut une salle de réception.

Ce qui veut donc dire, concrètement, que toute célébration privée est formellement proscrite dans ce lieu de culte patrimonial, autant dans l’église qu’à la salle communautaire adjacente. Par célébrations, on inclut les mariages ou tout rassemblement, dont ceux en lien avec la religion, comme un après-baptême ou encore une réception pour des funérailles.

Une situation complètement absurde si elle n’en tient qu’au promoteur Éric Ethier, qui fait pression depuis des mois sur la Municipalité pour que son projet de gîte avec salle de réception soit accepté. «Interdire des mariages dans une église…Voyons donc! Honnêtement, j’essaie de comprendre où veut en venir la Ville. Est-ce que je suis le seul à trouver que ça va un peu trop loin, simplement pour accommoder deux ou trois voisins qui se plaignent?», s’interroge-t-il.

L’homme d’affaires estime à plus de 200 000 $ l’argent nécessaire pour réparer les bâtiments et mettre les lieux conformes aux usages souhaités. Un montant qui ne comprend pas les «mauvaises surprises», qui sont hautement probables pour ce type de chantier, à son avis. «Il faut un projet viable financièrement, car l’objectif est de conserver ce joyau de notre ville pour longtemps. Un projet, c’est facile à pondre, mais de le rentabiliser, c’est une autre histoire. On cherche encore comment y arriver en respectant toutes les exigences qu’impose la Ville», soutient le promoteur, qui confirme travailler sur un projet parallèle à sa première mouture.

 

En soutien avec les voisins

Tout en affirmant que le projet d’Éric Ethier fait bien du sens, la conseillère municipale responsable du centre-ville, Nathalie Pelletier, considère que les droits du voisinage doivent avoir primauté. «Quand il y a un changement d’usage, comme dans ce cas-ci, les citoyens ont le droit de se prononcer et ils ont bien fait de le faire. Car ce sont eux qui vont vivre au quotidien avec les répercussions», rappelle la politicienne.

«Oui, l’église Saint-Luke est située à deux pas du centre-ville, mais de l’autre côté, c’est vraiment un quartier résidentiel. Si j’étais la voisine d’en face, j’aurais eu la même inquiétude par rapport à la salle de réception. De voir des groupes louer l’endroit pour célébrer et passer du bon temps, même pour les bonnes raisons, il y a toujours des risques de débordements et de non-respect des gens qui demeurent aux alentours», conclut Nathalie Pelletier.

Par ailleurs, la Ville de Magog a fait savoir qu’une erreur s’est glissée lors du récent changement de zonage de l’église Saint-Luke. Le règlement a été adopté avec l’interdiction de stationnement, tandis que la Municipalité souhaite l’autoriser. Un nouveau processus réglementaire sera donc lancé sous peu.