Tribune libre: un patrimoine communautaire menacé

La Municipalité du Canton d’Orford a aménagé un parc public, très populaire, entre le noyau villageois de Cherry River et la rivière aux Cerises. Du parc, on voit vers l’ouest la rivière entre les arbres; vers l’est, en surplomb, un touchant panorama de 180 degrés s’offre à nous, composé de modestes maisons villageoises anciennes. La MRC de Memphrémagog a reconnu l’importance de cet ensemble patrimonial.

À l’entrée du parc se trouve la petite maison blanche d’Orford, à laquelle tout le terrain de la Municipalité est lié depuis plus d’un siècle. Selon la MRC, ce bâtiment qui appartient à la collectivité, «est particulièrement bien préservé» parmi la huitaine de maisons anciennes de l’ensemble. Ces maisons témoignent éloquemment des débuts du noyau villageois; elles nous parlent aussi de l’histoire des familles qui ont bâti Cherry River, notamment des Baird, Quilliams et Buzzell dans le cas de la petite maison — Juanita McKelvey, qui connaît mieux que personne l’histoire de Cherry River, a produit un document sur l’histoire des familles du secteur que l’on peut consulter à l’entrée de l’hôtel de ville. Les maisons anciennes du village de Cherry River constituent un patrimoine reconnu. La petite maison d’Orford, qui nous appartient, constitue littéralement un bien patrimonial communautaire.

Difficile à croire, mais la Municipalité du Canton d’Orford propose de construire un centre communautaire qui fera disparaître la maison. Elle affirme, en se basant sur un rapport sommaire d’inspection de 2012, que la maison souffre d’une vétusté dangereuse, alors qu’il n’était question dans ce rapport que de problèmes bien anodins et normaux pour une maison de 120 ans, qu’il suffirait de corriger lors d’une restauration. Je suis pour l’idée d’un centre communautaire, mais je m’oppose absolument à la disparition de notre maison ou à la seule récupération de quelques composantes muséifiées. La petite maison d’Orford devrait faire partie du centre communautaire, et même en constituer la première image de marque, une destinée normale pour un bien patrimonial communautaire.

 

Gilles Lauzon

Canton d’Orford