Une mère d’Eastman veut «lâcher prise» à Compostelle

TÉMOIGNAGE. Une mère d’Eastman bouclera la boucle de sa «traversée» avec la maladie, qui a affligé l’un de ses fils et sa famille pendant plus de dix ans. Elle ira marcher sur le chemin de Compostelle pour faire la paix avec cette histoire, mais aussi en soutien envers ceux qui se battent encore aujourd’hui.

Marysole Gagnière et sa famille ont vu leur quotidien basculer du jour au lendemain lorsque leur plus jeune fils, Ylan Groulx, a reçu un diagnostic de leucémie. Âgé de seulement de 3 ans à l’époque, le petit combattant a été «bombardé» de 104 semaines de traitements pour détruire le corps étranger qui l’affligeait et le menaçait.

Du dernier traitement de chimiothérapie en 2009 s’en est suivi une rémission de plus de cinq ans. Une victoire que Mme Gagnière a célébrée symboliquement, en 2014, en se faisant raser les cheveux pour amasser des fonds.

Même si son fils, maintenant âgé de 15 ans, n’a eu aucune rechute, ni de complications de santé depuis, elle avoue que le retour à la normale tant espéré est finalement moins facile à retrouver. «On a tellement vécu de moments intenses qu’il est difficile de tourner la page et de se détacher, malgré la guérison», raconte Marysole Gagnière.

«Parfois, je ressens même une culpabilité de ne pas me sentir bien, surtout que d’autres feraient tout pour être à notre place. On a côtoyé des enfants qui ont fait des rechutes ou qui ont dû avoir des greffes de moelle osseuse. D’autres sont même décédés. Je vois ce défi à Compostelle comme une occasion de respirer dans un décor empreint de sérénité pour remplacer le vieux par du neuf, comme on dit», ajoute-t-elle.

Elle considère cette marche de plus de 200 km, sur 11 jours, comme un tournant dans son acceptation de la réalité. En s’envolant en Europe, elle se distancera de son quotidien, ce qui l’obligera, espère-t-elle, à enfin lâcher prise. «Tous les parents agissent comme des protecteurs envers leurs enfants. Mais quand le tien lutte pour sa vie, tu deviens tellement impliquée émotionnellement. Un jour, pour le bien-être de tous, il faut apprendre à laisser les choses aller, à revenir à l’essentiel et à travailler sur le nécessaire. Je ne peux pas penser qu’il va mourir chaque fois qu’il fait de la fièvre. Ce n’est pas sain pour personne», reconnaît celle qui est chorégraphe de carrière.

La photo comme échappatoire

Pour participer au Défi-Huma Leucan en avril prochain, Marysole Gagnière doit amasser un minimum 3000 $. Même si elle est déjà près de son objectif (2600$), son but est d’en amasser le plus possible. Pour ce faire, elle organise une exposition de photos intitulée «Nos Espaces» au restaurant Les Trois Grâces d’Eastman, le 10 mars prochain (14 h à 17 h). Une date qui coïncide avec le 10e anniversaire de la fin de traitement de son fils.

Ses clichés seront vendus sur place lors d’un encan silencieux (argent comptant seulement). «Je suis loin d’être une photographe professionnelle, mais j’ai la piqûre pour la photo depuis 14 ans.  Ce sont des images exposées telles que vues en vrai, sans filtre ni modification. Elles dévoilent des paysages terrestres et maritimes captés lors de mes marches, qui me permettent de m’oxygéner et découvrir les espaces où j’évolue», conclut la mère de famille.

Pour ceux qui ne peuvent être présents à cette activité-bénéfice, il est possible de faire un don en ligne à l’adresse suivante: leucan.qc.ca/fr/defihumaleucan (section «Faire un don»).