Tribune libre: accident ou objectif?

L’implantation de l’usine d’épuration qui supposément devait desservir Omerville a fait long feu. Quand on dit «supposément», il faut comprendre que les effets d’une telle installation auraient des répercussions extrêmement positives sur l’ensemble de la ville de Magog. Devant un tel revirement, un questionnement sinon une analyse systématique de l’évolution de ce dossier.

Traditionnellement, le conseil d’une petite municipalité est composé de gens bien intentionnés qui, sans formation spécifique en administration publique, œuvrent comme membre au profit de leurs concitoyens. Depuis quelques années, le conseil qui fonctionne sous la Loi des cités et villes profite de l’appui d’un directeur général. Possédant une solide formation en administration, ce dernier demeure cependant subordonné à l’autorité du conseil municipal.

Ces arrangements sont parfois victimes de sautes et d’accidents de parcours. Nous connaissons très bien la saga des directeurs qui nous a couté au bas mot près de trois quarts d’un million de dollars. Plus encore, pendant toutes les années où régnait ce chaos, avec accusations et poursuites civiles, le conseil n’était plus encombré d’un maître d’œuvre dont la formation et l’expérience pouvaient mettre un ombrage aux projets aussi rocambolesques qu’inutiles qui pouvaient faire surface. De là, il faut aussi apprécier la nature opportuniste qui brille au conseil.

Le projet qui prime au conseil est la rénovation de la rue Principale. Ce projet, dans le contexte où il y a absence de compétences en développement urbain, bien illustré par l’emplacement de magasin Wal-Mart, la création du terrain de soccer de cinq millions de dollars et le refus de reconnaitre l’impact de la circulation automobile, fait que l’on semble bien prendre les mesures nécessaires pour sa réalisation sans égard pour les effets longs termes d’une telle décision.

Même si l’on investit 20 millions dans ce projet, la rue Principale demeurera une collection de restaurants, de qualités variées, et de boutiques qui visent plutôt les touristes. Si ce n’était de la présence de succursales bancaires, un nombre restreint de locaux affronteraient le défi de camions de livraison stationnés en double ou l’absence de stationnements pour s’y rendre.

D’autre part, considérons l’investissement de 20 millions de dollars dans un plan d’épuration. Ce scénario provoquerait la même évolution urbaine et commerciale que l’on constate à Vaudreuil, St-Bruno et autres municipalités qui ont profité de la proximité de voies majeures de circulation pour se réinventer de façon radicale. L’implantation de centres de commerce et d’industrie dans le triangle 112, 55 et 10, et à proximité, ferait en sorte que la rue Principale perdrait son éclat. Commerces et industries sont synonymes d’emplois dans un monde ou la rétention des enfants de Magog dans leur milieu est pratiquement nulle.

Est-ce que la mort tragique de ce projet est un accident? Ou est-ce que l’achoppement pénible d’un projet d’une importance capitale est sciemment supprimé pour en favoriser un autre. À vous le choix. Pour ma part, ma ville, c’est plus que la rue Principale.

 

Jules Lalancette

Citoyen d’Omerville