Place Tourigny: des opposants sortis de nulle part

C’est à se demander si les opposants au nouveau projet de l’îlot Tourigny n’étaient pas cachés dans les catacombes de ladite maison au cours des dernières années puisqu’on n’a jamais entendu parler d’eux ni de leur intention de sauver ce qu’ils considèrent aujourd’hui comme un joyau architectural et patrimonial.

Jamais, dans les pages de ce journal, est-ce que les actuels opposants au projet de l’îlot Tourigny ont exprimé leur volonté de mettre de l’avant un plan de sauvegarde et de restauration? Pas plus qu’ils ont chiffré combien coûterait un tel projet et qui paierait la note. La Ville de Magog? Le gouvernement provincial? Le fédéral? Les trois? Aussi bien dire que ce sera encore une fois la population, les payeurs de taxes, qui acquitteraient une note qui s’annonce salée, car la maison est dans un sale état. En ce moment, l’entretien minimal de la maison Tourigny coûte environ 20 000 $ par année aux Magogois et sert d’entrepôt pour du mobilier de bureau.

A contrario, le projet de l’îlot Tourigny version 2.0, ce sont sept millions de dollars d’investissements privés qui viendraient revitaliser ce secteur et apporteraient quelques 150 nouveaux emplois au centre-ville de Magog. Encore mieux, les 150 emplois ne seraient pas concentrés au sein d’une seule et même entreprise. L’îlot Tourigny 2.0 servirait de pôle technologique important en concentrant les entreprises existantes et l’incubateur de Magog Technopole en un seul et même endroit, ce qui un élément essentiel à la croissance et à l’échange entre les compagnies.

D’ailleurs, depuis la création de Magog Technopole, c’est plus de 100 nouveaux emplois qui ont été créés à Magog. L’avènement de la Maison Tourigny 2.0 en ajouterait 150 de plus avec la venue de Kezber et d’autres joueurs du milieu. Voici un calcul rapide et très conservateur. En estimant le salaire moyen d’un employé d’une entreprise en TIC à 40 000$ par année, c’est 10 millions de dollars en masse salariale qui seraient concentrés à l’îlot Tourigny. Dans le contexte économique actuel où nombre de commerces ferment au centre-ville, c’est un apport indéniable pour ceux qui restent.

Quand une compagnie de la trempe de Kezber, qui a des clients partout dans le monde et qui pourrait s’implanter n’importe où, choisit de s’installer à Magog pour offrir une qualité de vie à ses employés, c’est un signal très fort qu’elle envoie au reste des compagnies du secteur. Elle change le paradigme des entreprises en TIC qui avaient comme réflexe de s’installer dans les grands centres puisqu’ils étaient les seules à pouvoir offrir les services nécessaires comme la fibre optique. Cette époque est révolue. La fibre est disponible partout. C’est une occasion à saisir pour Magog.

L’îlot Tourigny 2.0 c’est plus qu’un simple édifice qui rapporte des taxes et où y travaillent des gens. C’est un symbole fort de la volonté de la ville de se positionner comme un leader dans le monde de la haute technologie et des TIC. Il est indéniable que la nouvelle mouture de la Maison Tourigny servira à attirer d’autres acteurs du milieu des TIC et dynamiser la ville.

Bien que mes arguments soient de nature économique, n’allez pas croire que je suis insensible à l’histoire. J’ai un baccalauréat en littérature et en histoire, et si le projet se déroulait sur le site de la Maison Merry, je serais probablement un de ses opposants, comme une bonne partie de la population magogoise.

Toutefois, l’indifférence générale du sort de la maison Tourigny me laisse croire que la population n’y voit pas là un vestige important de son histoire. Il serait absurde de laisser une poignée d’opposants mettre en échec un projet de 7 millions de dollars au nom d’un prétendu patrimoine que personne ne voulait mettre en valeur il y a trois mois.

 

Patrick Mahony

Magog

(l’auteur est propriétaire d’une compagnie hébergée au sein de l’incubateur de Magog Technopole)