Biographie d’une Magogoise de 98 ans

LITTÉRATURE. Gertrude Roy, une Magogoise de 98 ans, fait les frais d’une biographie se concentrant notamment sur sa carrière de couturière. Elle a notamment confectionné des vêtements pour les familles Kruger, Steinberg et Bronfman.

Par François Bouchard

L’auteure Mireille Guyonnet a rencontré Gertrude Roy tout à fait par hasard. Celle-ci était dans le stationnement de l’hôpital de Magog et avait de la difficulté à en sortir, alors elle l’a aidée. Sans plus de discussions, mis à part un merci sympathique, Gertrude s’en est allée. Quelques minutes plus tard, elle la croise de nouveau dans le stationnement du Métro. C’est là que Gertrude lui dit : «Venez me voir un soir, on se fera une petite bouffe!» À partir de ce moment, il y a donc six ans, elles se sont vues couramment.

Plus jeune, Mireille Guyonnet rêvait d’être écrivaine. À sa retraite en tant qu’infirmière, elle entre dans des groupes d’écriture à Magog, dont l’Université du troisième âge, elle reçoit des formations de la part du Conseil de la culture de l’Estrie et de l’Association des auteures et auteurs de l’Estrie. Elle gagne par ailleurs le concours des Correspondances d’Eastman et le deuxième Prix du public à la 22e édition de Visa-Art. Pourtant, jusqu’à cet été, elle n’avait toujours aucun livre à son actif. Cependant, ces deux dernières années, Mme Guyonnet a passé tous ses mardis à la Bibliothèque de Magog sur un projet d’écriture qui lui tenait beaucoup à coeur : le récit de la vie de Gertrude, une dame de 98 ans de Magog qui fit de la haute couture entre autres pour de grandes familles québécoises, dont les Kruger, les Steinberg et les Bronfman.

«Elle quitte à 8 ans et demi sa famille pour le couvent des Filles de Jésus à Trois-Rivières. Elle aimait le beau et le chic. Elle était exigeante, et bien parler et bien écrire lui plaisait. Bonne en dessin et en couture, elle y développe tous ces talents, jusqu’à l’âge de 16 ans, où elle retourne chez sa famille, désormais déménagée à Sainte-Pétronille sur l’Ile d’Orléans. Née en 1917 sur une grande ferme, venant d’une famille de 15 enfants, Gertrude a des parents à l’aise et entreprenants pour qui la perfection est prisée et le sens artistique valorisé», raconte Mme Guyonnet.

C’est à Sainte-Pétronille que Gertrude fait la rencontre de Madame Baillargé, qu’elle aidera à mettre ses robes, à se coiffer et qu’elle accompagnera lors de ses promenades. Gertrude y apprend donc le raffinement dans les habits et dans l’art. Elle élit plus tard domicile à Boucherville pour sa vie active de couturière haut de gamme, puis emménage à Magog lorsque son mari prend sa retraite. «À 98 ans, elle coud toujours à sa résidence. Elle est toujours coquette et elle aime la vie», souligne l’auteure.

Cette biographie d’un peu plus de 130 pages fait en quelque sorte ressortir le patrimoine québécois par la vie de Gertrude. «Tout est véridique dans le livre : les adresses, les noms et les professions sont exacts. Il est facile à lire, les chapitres sont courts, il couvre environ 90 ans de sa vie, et il a été publié à compte d’auteur afin d’échapper aux longs délais de publication des maisons d’édition, puisque l’héroïne du récit est presque centenaire», rappelle Mme Guyonnet

«Gertrude est très heureuse du résultat du livre, et de pouvoir lire sa propre histoire. Au début, elle était un peu intimidée, car c’est tout de même sa vie qui est exposée, mais, rapidement, elle s’en est amusée. Elle espère pouvoir être du Salon du livre de l’Estrie. Pour ma part, je sens que je lui ai fait un beau cadeau», conclut-elle.

Il est possible de se procurer le livre «La vie est comme le jus de pomme, meilleure avec du brandy» à la Biblairie GGC de Magog, à la Bibliothèque de Magog ou encore sur commande auprès de l’auteure.