Deux Magogoises racontent l’orthographe des mots du français

FRANÇAIS. L’enseignante Bianca Beauregard, de l’école Val-de-Grâce d’Eastman, et Martine Collette, orthopédagogue à l’école Sainte-Marguerite de Magog, viennent de publier, chez Septembre Éditeur, «Raconte-moi l’orthographe», une méthode d’enseignement de l’orthographe lexicale à travers l’étude de mots de vocabulaire destinée aux élèves du primaire.

Plus de quatre années de recherches, d’expérimentations et de rédaction ont été nécessaires aux deux éducatrices pour créer un matériel pédagogique selon l’approche «Raconte-moi les sons», conjuguant l’apprentissage de la lecture avec celui de l’écriture par l’enseignement explicite de notions orthographiques.

L’idée de concevoir ce livre est partie de constats que les deux spécialistes de l’enseignement ont faits au fil des années. «On s’est rendu compte que l’une des difficultés de l’orthographe est que le phonème, donc le son, peut s’écrire de différente façon, mais pour bien l’enseigner, il faut savoir expliquer ce phénomène», précise Mme Beauregard.

«Pour notre projet, nous nous sommes basés sur des observations consignées par la linguiste Nina Catach, qui a étudié longuement le fonctionnement de la langue française pour expliquer comment l’orthographe s’organise. Il en est ressorti un tableau de pourcentage approximatif de la fréquence d’utilisation d’un son donné dans les mots français. Par exemple, on y apprend que le son [o] est représenté à l’écrit à 75 % du temps par la lettre  »o ». Ce pourcentage tombe à 21 % pour le digramme  »au », et à 3 % seulement pour le trigramme  »eau »», poursuit Mme Collette.

«C’est grâce à ce genre d’analyse que l’on peut expliquer aux enfants que le digramme  »au » se retrouve majoritairement en début de mot (Autobus), que le trigramme  »eau » se voit surtout en fin de mot (Bateau), et que la lettre  »o » se situe plutôt en milieu de mot (Procès). Parce que dans la langue française, la correspondance entre le son et les lettres est d’environ 50%, comparativement à l’italien par exemple où la correspondance entre le son et les lettres est presque de 100% », commente Mme Beauregard.

Cette approche pédagogique fonctionne beaucoup autour de l’analyse intrinsèque des mots, ce qui permet de développer les compétences orthographiques et rédactionnelles des élèves. «Cette méthode permet donc à l’enseignant de répondre aux exigences du ministère de l’Éducation et du Sport en ce qui a trait aux mots de vocabulaire, de conjuguer l’apprentissage de la lecture et de l’écriture et de cibler plus rapidement les élèves qui sont à risque de développer des difficultés orthographiques», souligne Mme Colette.

Josée Vermette, enseignante au primaire à l’école des Deux-Soleils d’Omerville, croit que «grâce à cette technique, on ne mise plus seulement sur la mémoire visuelle. C’est réellement un virage majeur en enseignement du français.»