TRIBUNE LIBRE: Plus ça change, plus …

Dans mon patelin, on ne manque jamais l’occasion de faire péter ses bretelles en soulignant un évènement ou une victoire personnelle. Et la fusion municipale (Un «mariage réussi», selon d’anciens élus, Le Reflet du Lac, 2 février 2022) en est une belle, car c’est la création d’une imagerie banale qui illustre le fait que l’on peut agrandir son territoire, d’un part, et maintenir les restrictions d’un esprit de clocher, d’autre part.

Rien n’a changé depuis la fusion et les dossiers débattus avec tant de passion dernièrement sont restés ainsi, petits, voire minuscules, dans le contexte d’antan du vieux Magog. Pendant que l’on s’éternisait sur le logo de la Ville, la maison Merry et la longueur des escaliers sur la rue Principale, la situation économique de la planète évoluait à une vitesse vertigineuse.

Comme exemple, la compagnie Samsung négociait un investissement de plusieurs milliards au Texas pour fabriquer des puces électroniques et des semi-conducteurs. Est-ce que Magog était dans la course pour cette entente? J’en doute, car on était concentré sur le logo, etc.

La Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Allemagne, pour ne nommer que ceux-là, entretiennent un combat féroce pour combler leurs besoins en production manufacturière à travers le monde, pendant qu’ici on attend la fin du jeu de chaises musicales à Magog Technopole ou un miracle quelconque pour en arriver à créer une niche industrielle à vocation nationale et internationale.

La question se pose. Comment allons-nous gérer l’évolution de notre future? Sommes-nous voués à demeurer petits, dans notre terroir fusionné, à la merci des touristes dont la fidélité est compromise par la météo, la pandémie, la mode du jour ou par d’autres facteurs qui nous laissent sans défense, la main tendue, en bordure du sentier de la réalité journalière? Où allons-nous, finalement, décider de la dimension de notre future, soit d’accepter officiellement le statu quo et se croiser les bras, ou innover, finalement, vers la relance d’un effort vers une vocation industrielle?

Connaîtrons-nous un jour Magog comme la capitale de la fabrication de la pile pour voiture électrique ou autres gadgets en demande maintenant? J’en doute, car malgré l’immense potentiel du grand Magog on est en manque de grands visionnaires pour en faire l’exploitation, au-delà d’un autre condominium.

Le dossier de l’usine d’épuration d’Omerville dit tout. A coups de millions, on repousse la solution qui tient notre avenir par la gorge vers un point mort, dans un avenir incertain, pendant que nos enfants s’exilent pour subsister sur le marché du travail. Aux dernières élections, on nous a assuré que la participation des contribuables dans les dossiers actifs de la municipalité serait une réalité et, personnellement, je verrais, dès aujourd’hui, la création d’un groupe de travail qui aurait pour mission de cerner et éliminer les contraintes artificielles locales et pour identifier et installer un genre d’industrie dernier cri chez-nous. Du rêve à la réalité, ce qui manque ici, c’est le coup d’envoi.

Jules Lalancette

Magog