TRIBUNE LIBRE: Lettre à notre PM

Salut François,

Ce matin, je prends le temps de t’écrire personnellement. D’abord, sans te lancer toutes les fleurs du monde, je fais profil bas pour l’admiration que j’ai pour ton sens du devoir. Peu aurait voulu être dans tes shorts, et encore moins aurait fait mieux que toi, jusqu’à présent.

Mais, allons droit au but; chaque nation se gère comme elle le peut avec ses propres prérogatives, nous avec les nôtres. Quel a été notre premier objectif? Tenter d’éviter le pire… Ne pas devoir choisir entre sauver la vie de Jean ou celle de Paul… Ne pas trop repousser d’opérations, etc. Ne pas être terrifié à la vue des ambulances en bouchons ne pas arriver à temps aux urgences… En somme, nous avons pris peur. La peur n’a jamais été historiquement de bon conseil. Elle ne le sera probablement jamais à moins d’être en survie, ce qui n’est vraiment pas le cas.

Nos mesures ont été draconiennes! Sans précédent! Et notre peuple a plié l’échine, fait face au vent et passer encore une fois à travers le rude hiver québécois! Certains disent trop docilement, en bons moutons que nous avons ont été face à l’Église jusqu’à écoeurantite aigüe. C’est cet exemple qui devrait nous servir aujourd’hui… Voulons-nous à ce point nous piler dessus, et qu’au final nous en venions à flusher le bébé avec l’eau du bain, ou plutôt, aurons-nous la sagesse d’écouter d’autres types d’experts que ceux qui nous ont conseillés jusqu’à présent?

Relativisons les faits : peu de décès, peu de cas, plus de peur que de mal. À présent que faire? Pousser le bon peuple dans les câbles un peu plus, dont nos enfants, nos ados, nos personnes seules, nos pauvres, notre entourage fragilisé? Augmenter les dommages collatéraux, mentaux, sociaux, sans parler de tous ceux qui voient leur cravates se découdre jour après jour? Bref, être à l’origine sciemment des conséquences très palpables et bien réelles qui s’accumulent présentement comme autant de victimes du drame collectif?

Notre action guidée par la peur avait pour but d’éviter la congestion du système de santé, alors que nous avons sauvé d’éventuelles victimes, nos mesures d’isolement sociales font davantage de victimes encore. Parmi elles, les jeunes, les artistes, les travailleurs autonomes, les entrepreneurs, les personnes âgées, les plus démunis, etc., etc., etc.

Au nom des Québécoises et des Québécois, François, comme notre représentant élu, il est temps d’adoucir le climat social; il est temps de prendre le risque de vivre dans le courage de la liberté; il est temps de faire confiance à la force de notre caractère immunitaire fort, et enfin il est plus que temps d’avoir l’audace de regarder la tempête de front! Liberté, égalité, fraternité! Ensemble dans la confiance, reprenons le contrôle sur notre destinée avec force et vigueur! Nous sommes des battants, restons des battants! Rouvrons les vannes de la société et recommençons à vivre! Qu’est-ce qui arrive à une vis quand on la serre trop? Inutile d’essayer!

 

Jean-Sébastien Bachand

Sainte-Catherine-de Hatley