Une seule communauté unie dans la tragédie

RASSEMBLEMENT. Chrétiens, non-croyants et musulmans se sont réunis mardi soir, à l’église Notre-Dame-de-Foy, afin d’envoyer un message d’unité après la tragédie de la mosquée, dimanche soir. Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix et le cofondateur du Centre culturel islamique de Québec, Boufeldja Benabdallah, ont pris la parole pour montrer que nous ne sommes en réalité qu’une seule et même communauté.

 «Je suis en compagnie de mon frère musulman. Nous nous sommes dit aujourd’hui que de ces jours sombres il en sortira quelque chose de beau. Nous voulons dire au monde que depuis de nombreuses années, nous vivons tous ensemble à Québec. Cet événement ne nous divisera pas», a déclaré l’archevêque de Québec.

De son côté, M. Benabdallah a affirmé que la solidarité qu’il perçoit depuis dimanche est très touchante. «La générosité que nous recevons, il faut l’accueillir. Ça va montrer aux musulmans qu’ils sont ici comme des citoyens, avec leurs frères chrétiens et toutes les confessions. Nous formons tous une seule communauté qui souhaite bien vivre.»

Questionné quant à savoir si l’auteur de la tragédie méritait le pardon, le cardinal a expliqué que ça prendrait tout de même un petit peu de temps. «Il est peut-être un peu tôt pour demander ou souhaiter cela, les événements sont tellement frais et douloureux. Le pardon est un processus, ça prend du temps. Je crois que nous pourrons nous relever», a conclu Gérald Cyprien Lacroix avant de débuter la cérémonie.

Une cérémonie remplie de respect

Boufeldja Benabdallah a tenu à se faire rassurant auprès des Québécois, deux jours après l’attentat de la mosquée de Sainte-Foy. «Notre religion dit que quand on aime quelqu’un, il faut le lui dire. Alors, je vous aime! Vous êtes un peuple de bien, sachez-le! Ce n’est pas le Québec qui nous a frappés, mais un être humain qui s’est trompé», a dit celui qui est arrivé au Québec en 1969.

Ce dernier a dit un petit mot sur chacune des victimes qu’il connaissait très bien, souvent avec grande émotion. «Je ne les verrai pas demain quand j’irai à la mosquée», a-t-il dit très ému.

Durant la messe, d’une durée d’environ 1h30, de nombreuses religions se sont donné la parole. Principalement chrétienne, la cérémonie a aussi fait place à une lecture d’un passage du Coran et à une remise symbolique ancestrale de la part de la communauté huronne-wendat. «On ne peut pas effacer et sécher vos larmes d’un seul coup. Gardons notre force intacte, demain et après-demain, ça va aller mieux», a lancé le chef Konrad Sioui.

Gérald Cyprien Lacroix, l’archevêque de Québec s’est voulu rassembleur et inclusif. «Le fruit de cette rencontre, c’est un regard neuf sur tous nos frères et sœurs. Nous avons tous un mot à dire pour nous assurer d’être du côté de la paix et de la justice. Nous avons beaucoup à gagner à nous écouter.»

Le premier ministre très touché

Présent lors de la cérémonie, en compagnie de plusieurs ministres et députés, le premier ministre, Philippe Couillard a préféré parler à titre de citoyen québécois à sa sortie de l’église. «C’était fort émouvant d’être ensemble, les chrétiens, les musulmans. On vit ensemble, on travaille ensemble. Le grand défi, c’est de prendre conscience les uns les autres. Il faut continuer à vivre ensemble et on est capable au Québec.»

«Je sens beaucoup d’unité à Québec, mais au Québec aussi. C’est également le cas à notre égard à l’international en ce moment. Il faut continuer à avancer, mais le choc va prendre du temps», a-t-il conclu en affirmant que la transition allait se faire graduellement.

TC Media