TRIBUNE LIBRE: La gestion locale de la santé remise en question

Je ne partage pas l’opinion énoncée dans le texte publié dans l’édition du 27 novembre du Reflet du Lac, page 15, intitulé «Santé: on réclame le retour à une gestion locale».

Premièrement, l’accès à proximité. Ayant été il y a quelques années administrateur d’un hôpital à la dimension de l’hôpital de Magog, j’ai été à même de constater qu’il est impossible dans ce genre d’établissement d’avoir accès à tous les services qui peuvent être nécessaires et requis par la population et qu’en conséquence il faut parfois être dirigé plus loin.

Lorsque l’hôpital dont j’étais administrateur ne faisait pas partie d’un groupe relié à un grand centre hospitalier, il était difficile d’avoir accès aux services des spécialistes requis qui œuvraient dans un grand centre hospitalier. Bref, il n’y avait pas une grande fluidité, ce qui engendrait de nombreux délais et parfois même l’absence de ces soins spécialisés. Depuis la centralisation, il semblerait que ce problème n’existe plus.

Deuxièmement, en ce qui concerne les patients de l’extérieur, je crois que la loi prévoit que l’on peut être soigné à l’établissement de notre choix, peu importe que la liste d’attente s’allonge ou pas. C’est à l’établissement local de régler ce problème avec l’aide du CISSS ou du CIUSSS.

Récemment, j’ai eu ce genre de débat avec le médecin de l’urgence de Magog.  Alors que l’état de santé de mon épouse était à son plus bas (grande difficulté à respirer), notre adresse résidentielle étant à Montréal, on voulait nous retourner dans un hôpital de Montréal bien que dans les faits nous résidons plus régulièrement à Potton qu’à Montréal. Le médecin a heureusement raisonnablement décidé de maintenir l’hospitalisation à Magog dont les soins rendus dois-je le dire, ont été exceptionnels. Par la suite, grâce à un système de suivi efficace, elle a été appelée à se rendre dans un hôpital de Sherbrooke, car l’examen requis ne pouvait être fait à Magog. Nous rendre à Magog en auto ou à Sherbrooke en auto ne change pas grand-chose quand on demeure sur ce très grand territoire.

Troisièmement, quant au problème de la gestion en silo, ainsi que les problèmes liés à la gestion du personnel, il y a moyen de régler ces problèmes autrement. Ce n’est que de la bonne gestion à faire. Il est beaucoup plus problématique d’avoir le personnel suffisant, l’équipement nécessaire que la gestion locale ne pourra résoudre sans l’aide des autres établissements hospitaliers de la région.

Quatrièmement, le problème de la gestion centralisée, s’il en est, est un problème de gestion facilement réglable sans revenir à un ancien modèle qui a donné ce qu’il pouvait, mais était à l’évidence devenu incapable de donner tous les soins requis aujourd’hui, et ce, sans parler de fournir les équipements dispendieux nécessaires et requis maintenant.  

Enfin, relativement aux politiques en vigueur dans les CISSS et CIUSSS qui doivent s’appliquer dans tout le réseau, il s’agit d’un faux problème et s’il existe vraiment il peut être résolu sans revenir à une gestion locale qui est par définition incapable de solutionner tous les problèmes de santé existant de nos jours sans pouvoir compter sur l’aide d’établissements plus concentrés.

Pour toutes ces raisons, je ne peux partager votre opinion et j’espère que l’Agence Santé Québec ne tiendra pas compte de votre solution qui relève du passé sans pour autant oublier les problèmes de gestion que vous soulevez. Nous verrons.

Denis Rousseau

Canton de Potton

Président du CA du CSSS Ahuntsic Montréal-Nord de 2004 à 2014