Tribune libre: les centres de femmes mobilisés pour une relance féministe

À l’occasion de la Semaine d’action nationale, le Centre des femmes Memphrémagog tient à annoncer fièrement son appui à la Déclaration commune des centres de femmes pour une relance féministe rendue publique aujourd’hui par L’R des centres de femmes du Québec.

Les centres de femmes ont été au cœur de la pandémie : ils sont restés ouverts et mobilisés et ont rivalisé d’ingéniosité pour répondre aux besoins changeants des femmes. Afin de faire face aux enjeux émergents, ils ont tenu des rencontres deux fois par mois auxquels ont participé chaque fois plus d’une centaine de travailleuses de partout au Québec. C’est dans ce contexte que nous avons décidé de nous mobiliser contre une relance économique post-covid à saveur d’austérité, investissant uniquement dans les secteurs à prédominance masculine et destructrice de notre environnement, parce que voyions quotidiennement les impacts de la pandémie sur les femmes.

Considérant que la santé et le bien-être des femmes sont fragilisés :

  • La moitié des ménages locataires à une femme comme principal soutien de famille, les femmes disposent en moyenne de 6078 $ de moins annuellement que les hommes dans la même situation.
  • La situation est critique aussi pour les personnes prestataires de l’aide sociale. Un chèque de 690 $ mois, le refus de leur accorder le 2000 $ par le fédéral, l’augmentation du coût de l’épicerie ont fragilisé les conditions de vie des femmes.
  • Les violences envers les femmes a connu une hausse record durant la pandémie. L’année dernière, 15 000 demandes d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale ont été refusées, faute de place. Les mesures sanitaires supplémentaires ont diminué le nombre de places disponibles.
  • La deuxième vague «ME TOO» à l’été 2020 a mis l’accent sur le besoin urgent d’adopter des mesures visant l’élimination des violences faites aux femmes

Au Québec, les femmes représentent 90% des infirmières, 88% des aides-soignantes et des préposées aux bénéficiaires, 84% du personnel enseignant ainsi que 80% des travailleuses dans les organismes communautaires.

Selon Statistique Canada, 26% du personnel soignant sont des personnes immigrantes .  Ce sont des emplois qui les placent en première ligne, les mettant plus à risque de contracter le virus, l’exposant aussi davantage à un épuisement dû à la surcharge de travail, la sous-rémunération et les conditions de travail inacceptables.

La pandémie a également augmenté la charge de travail invisible ainsi que la charge mentale des femmes : école à la maison, préparation des repas, ménage et désinfection.

Pas étonnant qu’elles n’ont plus de temps pour aller chercher de l’aide ou pour participer à une activité.  L’épuisement se fait sentir, partout.

Ainsi, depuis l’automne les centres ont été impliqués – tout comme une large coalition d’organismes et de représentant·e·s de la société civile – dans diverses mobilisations s’opposant au projet de loi 66 et réclamant une relance juste, respectueuse de l’environnement et féministe.

La déclaration est le fruit d’une co-construction impliquant les réflexions, l’expertise et l’expérience terrain de centaines de travailleuses et du comité En’Rayer le racisme. Les femmes, particulièrement les femmes que la société racise, sont surreprésentées dans plusieurs des domaines qui ont été durement touchés par la crise. Les femmes ont aussi été plus nombreuses que les hommes à perdre leur emploi et les violences envers les femmes ont connu une hausse record durant la pandémie. Il est donc primordial que la relance s’attarde en priorité aux travailleuses ainsi qu’à la santé et au bien-être des femmes. Nous demandons également au gouvernement de veiller à renforcer la résilience pour prévenir de futures crises et leurs conséquences sociales et renforcer la solidarité et l’équité entre les communautés.

Centre des femmes Memphrémagog