Tribune libre: au printemps, le ruisseau Castle devient un torrent chargé de sédiments

Ce n’est pas que les travaux du ministère des Transports du Québec, en bordure de l’autoroute 10, et ceux de la Corporation Ski & Golf Mont-Orford à la montagne qui sont responsables de l’inquiétant problème des sédiments, dans la baie de Magog.

Il y a une dizaine années, je siégeais au Comité d’orientation du parc national du Mont-Orford, à titre de représentant du Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE). Un fonctionnaire m’avait informé que le barrage de l’étang aux Cerises serait refait et que le niveau de l’eau serait relevé de quelques pieds. Le directeur du parc Pierre Dépelteau fut très surpris que je lui apprenne cette nouvelle, car il n’en était pas encore informé. À ma grande surprise,  il craignait que le niveau d’eau de l’étang rejoigne le chemin allant vers le camping près du lac Stukely.

Cet important travail avait pour but d’augmenter de beaucoup la réserve d’eau servant à fabriquer la neige artificielle au centre de ski du Mont-Orford. Plus tard, le gouvernement a subventionné l’amélioration de la station de pompage voisine de l’Accueil du Cerisier. Enfin, la vieille tuyauterie acheminant l’eau dans la montagne a été grossie, les canons à neige ont tous été remplacés par des plus performants pour produire davantage de neige artificielle durant les mois de décembre et janvier afin de commencer la saison de ski le plus tôt possible.

Personne même moi n’avait pensé, qu’en avril et mai, avec la fonte de la très grande quantité de neige naturelle et artificielle ajoutée, l’énorme quantité d’eau qui descendrait à partir du haut de la montagne dans le ruisseau Castle allait considérablement augmenter son volume d’eau. L’Association pour la protection et l’aménagement du ruisseau Castle (APARC) est maintenant victime de l’importante érosion des abords du ruisseau, ce qui gonfle considérablement  la quantité de sédiments qui recouvrent malheureusement le fond de la baie de Magog. Pierre Clermont, président de l’APARC à bien raison de dire que l’accumulation des sédiments au fond des cours d’eau provoque un réchauffement de l’eau, tout en favorisant la prolifération des algues et des plantes aquatiques.

Un jour, à la suite des nombreux impacts des changements climatiques, et du vieillissement de la population, le ski alpin ne sera plus nécessaire et rentable, on devra alors cesser de produire la neige artificielle, qui selon moi est très destructrice!

 

Jean-Guy Dépôt

Ancien président du Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE)