L’évolution du travail des femmes dans nos institutions financières

Des statistiques récentes démontrent que les communautés de l’Estrie sont plus âgées que dans le reste de la province. Nombreux parmi nous se souviennent donc de l’époque des banques et des caisses populaires alors que toutes les transactions se faisaient personnellement auprès de la caissière ou du personnel familier avec tous ses clients. La plupart des employés étaient des femmes. Les postes de gérant et de comptable étant réservés aux hommes.

La Banque de Montréal implantée au coin des rues Principale et des Pins en 1912, s’installe au coin des rues Principale et Merry en 1917. Réjeanne Faucher y a travaillé de 1950 à 1988. C’était considéré un privilège d’obtenir un emploi à la banque. Sa première tâche, à l’âge de 16 ans, était de rencontrer tous les commerçants, clients de la banque, sur la rue Principale, à tous les matins pour faire signer des traites bancaires. Parvenue au poste de caissière, tout le travail se fait manuellement, des écritures dans le «grand livre» aux inscriptions dans les livrets. L’horaire de travail : quand tout balance à la fin de la journée.

La Banque canadienne impériale de Commerce (CIBC) est érigée sur la rue Principale en 1912 dans l’édifice de la Eastern Township Bank et sur son site actuel de l’autre côté de la rue en 1913. Louisette Courtemanche Latulippe se souvient de ses années de service de 1960 à 1964 d’abord, puisque les congés de maternité n’existaient pas. Elle y revient en 1978 à l’époque de l’introduction de l’ordinateur. Les intérêts sont calculés à la main et intégrés dans l’ordinateur dans un deuxième temps. Des chèques sans numéro : il faut identifier la signature, les placer par ordre alphabétique, trouver le numéro du client, l’écrire sur le chèque. Les carnets de banque sont mis à jour manuellement et parallèlement à l’ordinateur. Là aussi, il faut tout balancer avant de quitter, sans rémunération pour temps supplémentaire. Une demande du personnel féminin pour contribuer au fonds de pension fut refusée parce que jugée «pas importante» pour les femmes.

La Banque de Montréal s’installe au coin des rues Principale et Merry en 1917.

À l’arrivée des guichets automatiques, elle se souvient de la résistance des clients qui ne voulaient pas être servis par une machine. Peu à peu, les occasions de formation s’ouvrent pour les employées féminines; Mme Courtemanche accède à des postes de directrice de comptes et de fonds mutuels.

À l’ère des technologies de l’information, les clients des institutions financières ont dû apprivoiser les services bancaires mobiles, les opérations en ligne et on peut même ouvrir un compte par téléphone. Un emploi dans une institution financière est encore considéré prestigieux. Les carrières en gestion et le développement professionnel pour les femmes sont devenus équitables. La caissière est devenue une représentante de services à la clientèle. On y retrouve des banquières en services personnalisés, des conseillères, des spécialistes en financement. La Banque Nationale emploie 10 femmes, la BMO 6, la CIBC 10 dont une directrice de la communauté et 70 femmes aux deux points de service de la Caisse Desjardins à Magog.

 

Danielle Lauzon