Chronique: jadis, des richesses du sol exploitées dans le Canton d’Orford

Il y a près de 180 ans, à l’automne 1863, George Bonnallie, pour ses associés de la «Orford Mining and Smelting Company of Lower Canada», fait une tournée chez plusieurs colons du hameau de Bonnallie Mills pour acheter les droits miniers de leurs lots. Pris par la  » fièvre du cuivre  » qui balaie les Cantons-de-l’Est, les spéculateurs ont de grands espoirs. Tout près, une mine est en opération, et le 6 avril 1864, le Courrier du Canada écrit  » On a extrait dernièrement, de la mine de Carbuncle, à Oxford [sic], des échantillons de cuivre que l’on dit surpasser en richesse tout ce que l’on a découvert jusqu’ici en cette région « . Toutefois, les gisements cuprifères au lac Brompton et à Bonnallie Mills ne sont que prometteurs. L’exploitation du cuivre tombe à l’eau. Il y a cependant, d’autres types de gisements. Cette fois, c’est du marbre.

En 1904, on annonce la découverte d’un gisement de marbre dans le Canton d’Orford à l’est du lac Bowker. Les propriétaires de l’époque sont Hormidas Boissé (fromager), Ubalde Boissé (cultivateur), Joseph Ménard (forgeron) et Antoine David (forgeron). Ces associés ouvrent un chantier qui produit du marbre rouge très apprécié, à un point tel que plusieurs blocs sont utilisés dans un édifice du Parlement à Ottawa. Toutefois, le coût des opérations est très onéreux en raison de l’accès difficile au chemin de fer. Les quatre associés abandonnent les travaux.

Finalement, Hormidas Boissé devient propriétaire des lots et de l’équipement, mais rien n’est entrepris avant 1945. La Orford Marble Co. Ltd, incorporée cette année-là, est le fruit d’une alliance entre Hormidas Boissé et Joseph Léonce Simard. L’entreprise commence l’exploitation de plusieurs gisements de marbre où le vert et le rouge prédominent. C’est en 1946 qu’un premier atelier de broyage fonctionne à plein régime sous la direction de Victor Bouthillette qui est à la fois contremaître, mécanicien, dynamiteur et homme de confiance. Au besoin, il embauche de nombreux travailleurs locaux. Les hommes participent au débitage mécanique de la pierre et à la préparation de gros sacs de pierre concassée pour la fabrication de terrazzo. Des granules à terrazzo de diamètres et couleurs variés sont vendues à Montréal, où se trouve le siège social de la Orford Marble Co. Ltd. Les carrières produisent également des blocs de marbre coloré de haute qualité. Ceux-ci sont expédiés par camion ou par chemin de fer pour être polis et puis ornementer les bâtiments construits ou rénovés à Sherbrooke, à Montréal, à Ottawa et même à Vancouver. On retrouve de nombreux exemples d’utilisation de cette pierre dans les constructions importantes des années 50, entre autres le bureau de Statistique Canada à Ottawa (depuis 2005 un édifice fédéral du patrimoine reconnu) et au Centre de Service Canada à Sherbrooke, 50 Place de la Cité. 

Toutefois, l’exploitation arrive à sa fin. Après plusieurs épisodes de vandalisme sur ses installations, la Orford Marble Co. Ltd obtient l’abandon de sa charte en 1975. La fin de ces opérations met donc un terme à l’histoire de l’exploitation marbrière dans le Canton d’Orford.

Pour en savoir davantage voir : www.histoireorford.com/parutions