Une première femme et autochtone à la tête de la FTQ en novembre?

MONTRÉAL — La plus grande centrale syndicale du Québec, la FTQ, pourrait bien avoir à sa tête une femme autochtone, dans les prochains mois.

Il s’agirait de la première femme à diriger la centrale syndicale québécoise de plus de 600 000 membres.

Magali Picard, ancienne vice-présidente exécutive nationale de l’Alliance de la fonction publique du Canada — le grand syndicat pancanadien de fonctionnaires fédéraux — confirme en effet son intérêt pour tenter de succéder à l’actuel président de la FTQ, Daniel Boyer.

M. Boyer a annoncé à la mi-mai qu’il ne solliciterait pas de renouvellement de mandat, lors du congrès de la centrale syndicale, en novembre prochain.

Mme Picard est connue dans tout le Canada pour avoir mené une longue bataille contre les ratés du système de paie Phénix, notamment.

Elle a aussi milité pour accroître la présence des femmes dans les milieux décisionnels et d’influence, dont le milieu syndical.

Fait moins connu, Mme Picard est aussi autochtone, «une fière Wendate de Wendake», a-t-elle confié en entrevue avec La Presse Canadienne mardi.

C’est d’ailleurs là qu’elle se rappelle, toute jeune, avoir ressenti le besoin de justice sociale.

«J’avais 12 ans lorsque je suis arrivée à Wendake. Et j’ai constaté rapidement que les neuf soeurs de mon père habitaient à l’extérieur de la réserve. Puis les frères de mon père habitaient sur la réserve. Alors j’avais demandé à mon père: pourquoi tes soeurs n’habitent pas au village et sont à Loretteville à côté? Il m’avait dit: c’est parce qu’elles ont marié des hommes blancs. Elles ont perdu leur citoyenneté parce que ce sont des femmes et si elles ne marient pas un autochtone, elles perdent leur citoyenneté. À 12, 13 ans, je venais de comprendre c’est quoi la discrimination», a relaté Mme Picard.

Puis, devenue adulte, elle a été embauchée dans la fonction publique fédérale.

«La justice sociale au sens large, c’est ce qui m’a toujours interpellée. Dans le milieu de travail, je ne connaissais pas ça les syndicats. Rapidement, j’étais celle dans le milieu de travail avec aucun chapeau particulier, qui allait voir l’employeur et qui lui disait: écoutez-moi, ça ne marche pas, ça n’a pas de bon sens. Le syndicat m’a approchée en me disant: toi, tu ne le sais pas, mais tu es une syndicaliste», a relaté Mme Picard.

Le poste de président de la FTQ amène aussi celui de premier vice-président du conseil d’administration et membre du comité exécutif du Fonds de solidarité FTQ.

Mme Picard note à ce sujet qu’elle a déjà été administratrice du Fonds de 2012 à 2018. L’investissement dans l’économie du Québec et la sauvegarde d’emplois ne lui sont donc pas étrangers.

Pour le moment, Mme Picard est la seule candidate en lice. Les intéressés peuvent toutefois encore se manifester d’ici le congrès de novembre.

Et le secrétaire général?

Par ailleurs, le numéro deux de la FTQ, Denis Bolduc, a indiqué qu’il allait solliciter un renouvellement de mandat comme secrétaire général de la centrale.

Certains le voyaient solliciter la présidence, mais il a affirmé en entrevue être «confortable» avec la situation actuelle.

Et il vante la candidature de Mme Picard. «Ce serait un moment historique qu’une femme, autochtone de surcroît, qui a beaucoup de talent, soit nommée présidente» de la FTQ.