Un gouvernement néo-démocrate réintégrerait l’Ontario dans un «marché du carbone»

TORONTO — Les néo-démocrates en Ontario promettent, s’ils sont élus jeudi, de faire adhérer à nouveau la province à un «marché du carbone». 

Les néo-démocrates, les libéraux et les verts s’engagent tous à réduire de moitié, d’ici 2030, les émissions de gaz à effet de serre (GES) sous les niveaux de 2005. Mais pour y parvenir, seuls les néo-démocrates promettent un nouveau système de plafonnement et d’échange de droits d’émissions.

Ce régime plafonne la quantité de pollution que les entreprises de certains secteurs industriels peuvent émettre; si elles dépassent ces limites, elles doivent acheter sur le «marché du carbone» un nombre égal de «droits d’émission».

L’ancien gouvernement libéral de Kathleen Wynne avait fait adhérer — brièvement — l’Ontario dans le marché du carbone créé par le Québec et la Californie, mais les progressistes-conservateurs ont fait sortir la province de ce régime dès leur élection en 2018. Avant ce retrait, les recettes générées par le marché du carbone étaient consacrées à des projets d’énergie verte en Ontario.

La cheffe néo-démocrate, Andrea Horwath, a déclaré lundi que la province avait «l’obligation» de faire face à la crise climatique et que l’Ontario pourrait y arriver notamment grâce à un nouveau système de plafonnement et d’échange de droits d’émissions.

Elle a noté que le système proposé par son parti garantirait qu’au moins 25 % des recettes de ce marché du carbone servent à soutenir les familles rurales, les ménages du Nord et à faible revenu touchés de manière disproportionnée par une tarification du carbone.

«Ça générera aussi les revenus nécessaires pour que nous rendions notre système énergétique plus vert, pour préserver ou mettre en place les types de programmes qui nous aident à moderniser tous nos bâtiments, ou à changer la façon dont nous planifions l’utilisation des terres et protégeons les terres sacrées, qui doivent être protégées, comme on le sait», a déclaré Mme Horwath lors d’un événement de campagne à Toronto.

«Ce n’est pas une question de choix: c’est une question de détermination. Et c’est une question de solutions ontariennes, afin que nous puissions faire notre part pour lutter contre l’urgence climatique dans laquelle nous sommes déjà plongés.»

La plateforme du NPD prévoit aussi que le parti mettrait en œuvre un objectif de carboneutralité pour 2050 et contient d’autres promesses pour atteindre cet objectif, comme la plantation d’un milliard d’arbres d’ici 2030 et la rénovation chaque année d’au moins 5 % des bâtiments de la province.

Les libéraux n’iraient pas là

Le chef libéral actuel, quant à lui, ne propose pas que l’Ontario réintègre un marché du carbone, comme l’avait fait sa prédécesseure: la plateforme environnementale du parti propose plutôt de renforcer les exigences imposées aux grands émetteurs industriels. 

Steven Del Duca a déclaré qu’un gouvernement libéral planterait également 100 millions d’arbres au cours des huit prochaines années, ajouterait cinq nouveaux parcs provinciaux, accorderait chaque année à 100 000 ménages une subvention de 3000 $ pour rénover leur maison et rétablirait un incitatif pour acheter des véhicules électriques.

«Pris ensemble, nous avons le plan le plus efficace, qui rendra les choses beaucoup plus faciles et atteindra effectivement nos objectifs afin que l’Ontario soit carboneutre d’ici 2050», a déclaré M. Del Duca lundi lors d’un arrêt de campagne à Thornhill.

Interrogé lundi sur son plan de réduction des émissions de GES, le chef progressiste-conservateur, Doug Ford, a vanté à nouveau la fabrication de véhicules électriques en Ontario et la production d’acier plus verte.

«Je vais donner deux exemples: (les aciéries) Algoma à Sault Ste. Marie et Dofasco à Hamilton utilisaient des fours au charbon. Nous passons aux fours à arc électrique. C’est comme retirer un million de voitures de la route», a soutenu M. Ford lors d’un arrêt de campagne à Ottawa. «Et nous investissons des milliards de dollars, avec le gouvernement fédéral, dans le partenariat» pour les véhicules électriques.

Le gouvernement Ford s’était précédemment engagé à réduire de 30 %, d’ici 2030, les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 2005.

Les verts visent la carboneutralité d’ici 2045

Le plan du Parti vert, quant à lui, promet d’atteindre la carboneutralité d’ici 2045. Les verts augmenteraient le prix du carbone jusqu’à ce qu’il atteigne 300 $ la tonne en 2032. Les recettes de cette «taxe carbone» seraient ensuite retournées aux particuliers. Les verts promettent aussi d’éliminer les combustibles fossiles de toute la production d’électricité en Ontario.

«Le plan de plafonnement et d’échanges du NPD ne tient pas compte de l’urgence, de la rapidité avec laquelle nous devons écraser la pollution climatique, et les calculs sur le financement de leur plan ne tiennent pas la route, ont soutenu les verts dans un communiqué lundi. Réintroduire l’ancien plan des libéraux prendra du temps et créera encore plus d’incertitude pour les entreprises qui investissent dans le climat.

«(Nous) prendrons en charge l’administration de la taxe carbone fédérale et ses recettes, en mettant en place un taux plus ambitieux et en utilisant les recettes pour remettre de l’argent dans les poches de la plupart des Ontariens.»

Dans une déclaration distincte, le chef du Parti vert, Mike Schreiner, a souligné la nécessité d’une action immédiate pour lutter contre le changement climatique, rappelant le premier épisode de chaleur de la saison prévu lundi par Environnement Canada pour une grande partie du sud de l’Ontario, qui devrait durer jusqu’à mercredi.