Un élève de 15 ans accusé de deux tentatives de meurtre dans son école lundi en N.-É.

HALIFAX — Un élève de 15 ans a été accusé de deux chefs de tentative de meurtre, mardi, après que deux membres du personnel de son école secondaire de la banlieue de Halifax ont été poignardés, la veille.

La Police régionale de Halifax a publié mardi un communiqué indiquant que les deux victimes se rétablissaient à l’hôpital dans un état «grave, mais stable».

Un enseignant de l’école a déclaré que l’une des deux victimes – une directrice adjointe – avait envoyé des textos rassurants au personnel lundi matin, après une opération réussie, et que l’autre victime – une secrétaire – se portait bien.

La police a confirmé que l’accusé, un élève de l’école secondaire Charles P. Allen, à Bedford, avait été soigné à l’hôpital pour des coups de couteau, mais on ignore pour l’instant comment il a subi ces blessures.

La police ajoute mardi que le garçon a aussi été accusé de deux chefs de voies de fait graves, de possession d’une arme dangereuse, de port d’arme dissimulée, de possession d’une arme prohibée et de possession délibérée d’une arme non autorisée.

Aucun détail n’a été divulgué sur le type d’arme utilisée, mais au moins un témoin a rapporté avoir vu le suspect s’enfuir de l’école avec un couteau avant d’être encerclé par les policiers.

L’adolescent a comparu en Chambre de la jeunesse à Halifax mardi matin, avec un bandage sur le devant du cou. Une enquête sur le cautionnement a été fixée à jeudi. L’accusé, un mineur, ne peut pas être identifié en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.

Lors de cette brève audience, le procureur Terry Nickerson a indiqué au tribunal qu’il s’attendait à ce que le garçon subisse une évaluation psychiatrique.

Le procureur a déclaré à l’extérieur du tribunal qu’«à ce stade-ci», la Couronne a donné avis qu’elle demanderait une peine pour adulte, tout en rappelant qu’on en était encore au tout début de la procédure.

La police a déclaré que des agents avaient été dépêchés à l’école secondaire Charles P. Allen à 9 h 20, lundi matin, et qu’un suspect avait été arrêté à l’extérieur de l’école 11 minutes plus tard.

L’école devait rouvrir mardi avec un soutien psychologique offert aux élèves et au personnel, mais les classes de l’après-midi ont été annulées. Environ 1700 élèves de la 10e à la 12e année fréquentent cette école secondaire, l’une des plus importantes de la province.

Une tendance lourde au Canada ?

L’expert en éducation Paul Bennett a déclaré mardi que les incidents violents dans les écoles semblent être plus fréquents partout au Canada — et la Nouvelle-Écosse n’y échappe pas.

Professeur de pédagogie à l’Université Saint Mary’s, à Halifax, M. Bennett a cité des statistiques récemment publiées par le ministère de l’Éducation de la province, qui ont révélé 13 776 signalements de violence physique dans les écoles du primaire à la 12e année en 2021-2022. Il s’agit d’une augmentation de près de 23 % par rapport à l’année précédente. 

«Les coups de poing et les couteaux ont fait leur réapparition dans les écoles secondaires du Canada à la suite des fermetures pandémiques, et la violence est désormais monnaie courante dans les salles de classe, les couloirs, les cours d’école et les stationnements, a-t-il déclaré mardi en entrevue. C’est une tendance lourde.»

La ministre de l’Éducation, Becky Druhan, a soutenu de son côté que les données qu’elle avait vues montraient qu’au cours des cinq dernières années, les signalements d’incidents violents étaient demeurés relativement stables.

Le chef de la Police régionale de Halifax, Dan Kinsella, a déclaré mardi qu’il considérait ce type d’incident violent comme «très rare». Pourtant, il a fait savoir que la police «voyait des indicateurs (de violence dans les écoles) à travers le pays qui peuvent nous inquiéter».

Lindsey Bunin, porte-parole du Conseil scolaire de Halifax, a elle aussi estimé qu’il s’agissait d’un incident isolé.

Les enseignants sous le choc

Pendant ce temps, un membre du personnel de l’école a déclaré que les enseignants étaient furieux parce qu’ils considèrent que l’administration ne leur apporte pas le soutien souhaité dans ces moments difficiles. «Les enseignants sont choqués de devoir revenir en classe» aussi rapidement, a indiqué un enseignant qui a requis l’anonymat.

Il a déclaré que le personnel était revenu mardi à l’école, étant entendu que les cours reprendraient dans l’après-midi, mais les classes ont finalement été annulées, une fois qu’il est devenu évident que les enseignants étaient toujours sous le choc. 

Mme Bunin a indiqué qu’une équipe de 20 thérapeutes était à l’école pour aider les membres du personnel, mais elle a déclaré que ces professionnels ont déterminé qu’ils avaient besoin de plus de temps, c’est pourquoi les cours ont été annulés mardi après-midi. 

Des plans étaient en place pour rouvrir l’école mercredi, mais ce plan était «fluide», a précisé Mme Bunin.