Reconnaissance parlementaire: le PQ échoue à obtenir «le strict minimum vital»

QUÉBEC — Le Parti québécois (PQ) a échoué dans sa tentative d’obtenir ce qu’il estimait être «le strict minimum vital» en termes de budget et de temps de parole pour effectuer son travail à l’Assemblée nationale.

Vendredi, au terme de longues négociations avec les trois autres partis représentés à l’Assemblée nationale, l’opposition péquiste s’est finalement résolue à accepter ce qu’elle considérait auparavant inacceptable, soit qu’on lui attribue des ressources, selon elle, nettement insuffisantes pour remplir son rôle et sans commune mesure avec l’appui populaire reçu le 3 octobre.

L’entente, dont La Presse Canadienne a obtenu les détails, a été scellée entre le PQ, le parti formant le gouvernement, la Coalition avenir Québec (CAQ), celui formant l’opposition officielle, le Parti libéral du Québec (PLQ), et le deuxième groupe d’opposition, Québec solidaire (QS).

Si le PQ avait refusé, les trois élus auraient été considérés comme des députés indépendants, avec encore moins de ressources à leur disposition.  

Dimanche, dans une entrevue à La Presse Canadienne, le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, se disait rendu à revendiquer pour sa formation politique «le droit d’exister» à l’Assemblée nationale, s’estimant réduit à réclamer «le strict minimum vital» pour effectuer son travail au Parlement, à compter du début de la prochaine session le 29 novembre.

Côté budgétaire, il revendiquait un montant annuel de fonctionnement de 800 000 $ net (donc sans compter la rémunération du personnel de circonscription). On lui en offrait au départ 495 000 $. Vendredi, on a réglé pour 570 000 $ net, soit bien loin du but.

Dans ces circonstances, le personnel formant l’équipe péquiste du troisième groupe d’opposition, qui compte une quinzaine de personnes, devra vraisemblablement être coupé de moitié.

Ensuite, en ce qui a trait aux droits de parole, l’opposition péquiste voulait obtenir la garantie de pouvoir poser une des neuf questions par jour provenant des rangs de l’opposition. On lui offrait de pouvoir poser 5 questions par cycle de 100 questions. Le PQ devra encore là se contenter de peu: on a finalement réglé pour 7 questions par cycle, soit deux par semaine dans les faits. 

Le PQ tenait aussi à avoir un siège au Bureau de l’Assemblée nationale, le BAN, chargé de gérer notamment les différends entre parlementaires et de prendre les décisions relatives au fonctionnement de l’assemblée. On lui a refusé, lui offrant en échange un statut d’«observateur», sans droit de parole.

Normalement, pour obtenir une pleine reconnaissance en Chambre, le règlement de l’Assemblée nationale prévoit qu’un groupe parlementaire doit avoir fait élire au moins 12 députés ou avoir obtenu 20 % du vote. Or, le PQ n’a fait élire que trois députés, mais a tout de même recueilli 14,6 % du vote populaire, ce qui lui permettait, selon lui, de réclamer une certaine forme de reconnaissance de ses pairs.

Le Parti libéral du Québec forme l’opposition officielle avec 14,3 % du vote recueilli et 21 députés (désormais 19) et Québec solidaire a fait élire 11 députés avec 15,4 % du vote. La CAQ a obtenu 41 % du vote et 90 sièges, soit 72 % du total des 125 sièges.

À la période de questions, une des principales vitrines réservées à l’opposition pour se faire valoir et interpeller le gouvernement, le temps de parole réservé à chaque parti d’opposition se divisera donc ainsi: pour chaque cycle de 100 questions, l’opposition libérale pourra en poser 62, Québec solidaire 31 et le PQ seulement 7.

Prix de consolation, le chef du PQ aura officiellement le statut de chef d’un groupe parlementaire, il aura donc droit à la limousine et au garde du corps. Mais il n’aura pas de leader en Chambre pour le seconder dans les travaux parlementaires, comme il le souhaitait. 

En réaction sur sa page Facebook, le chef péquiste, amer, a dit qu’il avait obtenu le maximum possible dans les circonstances, dénonçant le fait que le processus n’était pas indépendant, les autres groupes parlementaires étant juges et parties. Il dit avoir observé «très peu de bonne foi» autour de la table.

L’entente rend le travail du PQ en Chambre «quasi impossible», selon lui.

Il a critiqué aussi le premier ministre François Legault qui s’était, au lendemain des élections, montré ouvert à une reconnaissance parlementaire du PQ et à la collaboration avec les oppositions.