Ottawa devra doubler les budgets s’il veut respecter sa promesse à l’OTAN, dit le DPB

OTTAWA — Le directeur parlementaire du budget estime que si le gouvernement fédéral veut atteindre l’objectif de dépenses militaires de l’OTAN d’ici 2032, comme promis, il devra presque doubler les budgets de ce ministère, pour atteindre 81,9 milliards $.

Le directeur parlementaire du budget a tiré cette conclusion dans un rapport publié mercredi sur les répercussions financières de l’atteinte de l’objectif de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), qui demande que les États membres consacrent 2 % de leur PIB à la défense.

Les 32 alliés de l’OTAN ont convenu de dépenser au moins ce montant pour la défense, mais le Canada est l’un des seuls pays à ne pas avoir présenté de plan pour atteindre cet objectif. Vingt-trois membres ont déjà atteint la cible ou ont déclaré qu’ils le feraient d’ici la fin de l’année. Au Canada, en 2024-2025, les dépenses militaires atteignent 1,35 % du PIB.

Lors du sommet des dirigeants des pays membres de l’OTAN à Washington, en juin dernier, le premier ministre Justin Trudeau a promis que le Canada atteindrait l’objectif de 2 % d’ici 2032.

M. Trudeau était soumis à une pression croissante de la part des alliés, en particulier des élus américains, pour présenter un plan lors de ce sommet, tenu un an après que les dirigeants de l’OTAN ont convenu de faire de 2 % un objectif de dépenses minimal.

Le candidat républicain à la présidence américaine, l’ex-président Donald Trump, a déclaré par le passé que s’il retournait à la Maison-Blanche, les États-Unis n’offriraient pas de protection aux alliés de l’OTAN qui ne font pas leur part. La défense collective est un principe fondateur de l’Alliance atlantique.

M. Trudeau n’a fourni aucun détail sur les modalités de cette augmentation des dépenses militaires. Le directeur parlementaire du budget a souligné mercredi que le gouvernement n’avait pas encore publié de chiffres détaillant comment il atteindrait cette cible de 2 %.

La dernière politique de défense du Canada, publiée en avril, estimait que les dépenses de défense globales atteindraient 1,76 % du PIB d’ici la fin de la décennie. Cependant, le directeur parlementaire du budget (DPB) affirme que «ces estimations reposent sur des prévisions erronées du PIB», qui supposent que le Canada sera en récession pendant quatre ans.

«Si l’on recalcule les prévisions en utilisant le PIB estimé par le DPB, qui correspond globalement à celui du ministère des Finances et d’autres sources indépendantes, on obtient des dépenses militaires représentant seulement 1,58 % du PIB en 2029-2030, ce qui laisse un écart de 0,42 point de pourcentage à combler d’ici l’année cible 2032‑2033» pour atteindre le fameux objectif de 2 % du PIB, estime le directeur parlementaire du budget.

Pour parvenir à l’objectif de 2 %, «les dépenses de défense devraient atteindre 81,9 milliards $ d’ici 2032-2033, soit près du double du montant prévu pour 2024-2025 (41 milliards $)», conclut le DPB.

Dans un communiqué, un porte-parole du ministre de la Défense, Bill Blair, a déclaré: «Nous sommes respectueusement en désaccord avec les conclusions de ce rapport». Le communiqué précise que l’OTAN utilise les projections de croissance économique de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans l’analyse des dépenses militaires des alliés.

Le ministre Blair a déclaré aux journalistes mercredi que «la mesure des dépenses que nous avons convenue avec l’OTAN est basée sur le calcul de l’OTAN du PIB de chaque membre», ajoutant qu’il appréciait et respectait «l’optimisme du DPB pour notre économie».

Son bureau a déclaré que, sur la base des chiffres de l’OCDE, «nous avons toujours bon espoir que le Canada atteindra le niveau de dépenses de 2 % du PIB d’ici 2032», sans fournir plus de détails sur ces dépenses.