Main-d’oeuvre: l’industrie aérospatiale lancera une vaste campagne de communication

MONTRÉAL — Aux prises avec une image négative, l’industrie aérospatiale au Québec prendra les grands moyens pour courtiser les jeunes afin qu’ils viennent occuper les milliers de postes à venir dans les prochaines années. 

Aéro Montréal prévoit lancer en septembre une première «campagne de communication massive» auprès du grand public pour changer les perceptions qui collent à ce secteur clé de l’économie québécoise en raison de la crise sanitaire. 

Les avions cloués au sol et les importantes mises à pied ont frappé l’imaginaire. Plusieurs croient qu’un nuage noir plane toujours sur l’aérospatial, note la présidente-directrice générale de l’organisme, Suzanne Benoît. 

«On l’a senti de façon concrète dans les écoles, comme l’École nationale d’aérotechnique. Les inscriptions ont baissé», indique Mme Benoît en entrevue à La Presse Canadienne. 

«Notre grande préoccupation est que dans deux ou trois ans, il va y avoir un creux si on n’a pas ces jeunes-là qui rentrent dans les écoles. On va arriver à un moment où on n’aura pas suffisamment de ressources. On est en croissance», poursuit-elle en marge de la «Journée des chantiers Aéro Montréal», jeudi matin dans la métropole québécoise. 

La campagne de communication comptera au moins sur un budget de 600 000 $ à 700 000 $, et visera les jeunes sur les réseaux sociaux. Le message: «l’industrie aérospatiale, ça reprend, on est très occupé», affirme Mme Benoît. 

«Ce qu’il va falloir dire essentiellement, c’est qu’au cours des 10 prochaines années, on va avoir 38 000 postes à combler. C’est énorme», ajoute-t-elle. 

Les besoins touchent l’ensemble des types d’emploi de l’industrie, de l’administration aux techniciens, en passant par les machinistes, des programmeurs et dans les domaines du futur comme les taxis volants et l’autonomisation, énumère Mme Benoît

Ottawa et Québec ont par ailleurs annoncé jeudi une contribution financière de 7,9 millions $ pour soutenir différentes initiatives, notamment en matière de main-d’œuvre. 

La part du fédéral s’élève à 6,3 millions $, a mentionné la ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, Pascale St-Onge, en visioconférence, à l’occasion de la rencontre d’Aéro Montréal qui réunit des dirigeants de l’industrie. 

L’aide financière viendra aussi appuyer des actions pour renforcer la cybersécurité des entreprises, leur positionnement à l’international et encourager les pratiques écoresponsables des entreprises.  

La campagne de communication mettra d’ailleurs de l’avant les efforts de l’industrie dans le domaine environnemental pour réduire leur empreinte carbone, un enjeu qui «motive» les jeunes, souligne Steeve Lavoie, président de Bell Textron Canada et du conseil d’administration d’Aéro Montréal. 

Optimistes, malgré un risque de récession

Le recrutement de personnel ne sera pas compromis par une possible récession, assurent les dirigeants de l’organisme qui se montrent plutôt optimistes. 

«Les carnets de commandes sont tellement pleins dans l’ensemble des entreprises que même s’il y a un ralentissement, je ne pense pas qu’on va revenir à la valeur de 2020 en pleine pandémie», soutient M. Lavoie, dont l’entreprise a embauché 150 personnes l’an dernier. 

Il estime que les entreprises aux activités diversifiées, n’œuvrant pas seulement dans le secteur de l’aviation commerciale, ont «peut-être un peu moins à craindre». 

La production d’appareils destinés aux services public ou parapublic, dont le secteur militaire, pourrait être épargnée par un ralentissement économique, puisque les gouvernements ont tendance à réinvestir dans ce secteur à l’approche ou au moment d’une récession, selon M. Lavoie. 

En date du 31 décembre dernier, l’industrie aérospatiale au Québec employait autour de 35 000 personnes, une perte d’environ 9000 emplois par rapport à la période prépandémique, indique Mme Benoît.

Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.