L’institut Philippe-Pinel demande un autre mois pour évaluer Pierre Ny St-Amand

LAVAL, Qc — L’Institut Philippe-Pinel dit avoir besoin de plus de temps pour évaluer l’état mental de l’homme accusé d’avoir tué deux jeunes enfants en fonçant avec son autobus sur une garderie de Laval, en février.

L’institut montréalais de psychiatrie légale avait été chargé par le tribunal il y a un mois d’évaluer l’état mental de Pierre Ny St-Amand le 8 février dernier, au moment des crimes qui lui sont reprochés. L’hôpital devait remettre au tribunal son rapport mardi, pour déterminer s’il pourrait être considéré comme criminellement responsable de ses actes ce jour-là.

Mais dans une lettre au tribunal, l’Institut Philippe-Pinel a indiqué mardi matin que compte tenu de la nature de l’infraction et de la «complexité du tableau clinique», il lui fallait encore 30 jours pour procéder à cette évaluation. 

La docteure Kim Bédard-Charette, médecin légiste psychiatre, a souligné par ailleurs la «collaboration exemplaire» de M. St-Amand.

Après une brève audience au palais de justice de Laval, mardi matin, la procureure Karine Dalphond a déclaré aux journalistes qu’elle ne savait pas si l’incapacité de terminer l’évaluation était liée uniquement aux détails de l’affaire, ou si d’autres facteurs, tels que des retards causés par une pénurie de personnel spécialisé, peuvent avoir joué un rôle.

L’accusé a déjà été jugé apte à subir son procès le 24 février dernier, après une première évaluation psychiatrique. Mais la défense avait demandé au tribunal une évaluation de son état mental au moment des faits reprochés.

«J’ai des motifs raisonnables de croire que, soit au niveau des faits, au niveau des conversations que j’ai eues avec M. St-Amand ou encore avec les derniers éléments du rapport qu’on a eu sur l’aptitude [à subir son procès], qui me laissent croire que peut-être que sa responsabilité criminelle n’a pas été engagée pour cause de troubles mentaux», avait expliqué son avocat, Julien Lespérance Hudon, à la sortie de l’audience du 24 février dernier.

Distinguer le bien du mal

La procureure Dalphond a expliqué mardi qu’en gros, il s’agit de déterminer si, au moment des faits, l’accusé était capable de faire la différence entre le bien et le mal.

Le chauffeur de 51 ans, de la Société de transport de Laval, a été arrêté après que son autobus s’est encastré dans une garderie du quartier Sainte-Rose. Maëva David et Jacob Gauthier, tous deux âgés de quatre ans, ont été tués dans la tragédie; six enfants ont aussi été blessés. 

M. St-Amand est accusé de deux chefs de meurtre au premier degré ainsi que de sept autres chefs, dont tentative de meurtre et voies de fait graves.

Lors de sa comparution mardi, il était escorté de quatre agents correctionnels et d’un gardien de sécurité du palais de justice de Laval. Il a démontré peu d’émotion alors qu’il se tenait dans le box des accusés, les mains menottées devant lui. Il fixait surtout son regard sur l’écran devant le box où son avocat participait à l’audience en visioconférence.

Il n’y a eu aucune opposition à la requête de l’Institut Philippe-Pinel pour prolonger d’un mois l’évaluation psychiatrique. La prochaine audience a donc été fixée au 26 avril.

L’accusé est détenu à l’Institut Philippe-Pinel depuis le 23 février.