L’ex-felquiste, journaliste et auteur Pierre Schneider est décédé

MONTRÉAL — «Le Québec se relèvera. Le Québec n’est pas à genoux, le Québec est imbattable. Quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, nous survivrons et nous vaincrons.»

C’est sur ces mots que le journaliste, auteur et farouche militant indépendantiste Pierre Schneider concluait, le mardi 28 mars dernier, un enregistrement vidéo d’adieu à ses amis sur le réseau social Facebook, indiquant que sa fin était imminente.

M. Schneider est décédé samedi soir à l’âge de 78 ans, ont rapporté divers médias, dimanche.

Pierre Schneider était né en mars 1945 à Outremont, d’un père anglophone et d’une mère francophone. Sensibilisé très jeune aux questions nationales et linguistique, il était devenu militant au sein du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) dès 1962 pour ensuite devenir l’un des cofondateurs du Front de libération du Québec (FLQ) et corédacteur du manifeste d’avril 1963. 

Arrêté en juin de la même année, il sera condamné à purger trois ans de prison, en septembre, pour une série d’attentats à la bombe et sera libéré après avoir purgé les deux tiers de sa peine. C’est cet épisode de sa vie qui aurait servi d’inspiration aux paroles de la chanson Bozo-les-culottes, écrite par son ami Raymond Lévesque.

Entrée dans le journalisme

Il fera ses débuts journalistiques dans les hebdos de Québecor en 1966 et passera au Journal de Montréal où il deviendra éventuellement chroniqueur judiciaire. Après des années tumultueuses de journalisme judiciaire et comme pigiste dans quelques autres publications, dont Le Devoir, il rentre au bercail et est nommé cadre à la direction de l’information du Journal de Montréal en 1988. 

Un peu plus d’une dizaine d’années plus tard, en 1999, sa carrière prend un tout autre tournant alors qu’il prend la direction de la section Arts et Spectacles du Journal.

C’est en 2002 que Pierre Schneider fait ses débuts comme auteur en publiant un récit autobiographique intitulé «Boum baby boom» chez Québec Amérique, ainsi qu’un carnet de poèmes. L’autobiographie retrace sa passion indépendantiste suivie du choc de la réalité carcérale pour ensuite dresser un portrait du sordide monde interlope montréalais des années 60 et 70. Il y raconte avec une sincérité désarmante ses fréquentations avec les criminels mafieux, ses amours, sa descente aux enfers de l’alcool et le chemin de sa réhabilitation menant à son retour au journalisme.

Virage vers l’écriture

L’expérience de l’écriture le marque suffisamment pour qu’il quitte le Journal de Montréal en 2003 afin de s’y consacrer entièrement.

Son plus récent ouvrage, paru en octobre 2021, s’intitule «La République assassinée de Daniel Johnson».

Dans sa touchante vidéo d’adieu d’un peu plus de trois minutes, Pierre Schneider dit avoir été «très, très, très heureux de pouvoir partager avec vous ces années de ma vie, qui m’ont fait le plus grand plaisir». 

Il dit partir en paix, avec «le sentiment du devoir accompli», invitant ses amis à «continuer le combat que je mène pour ma part depuis 60 ans».