Les libéraux veulent redéfinir la Colline du Parlement pour des raisons de sécurité

OTTAWA — Les députés libéraux qui ont siégé au comité de la Chambre des communes chargé d’évaluer la sécurité parlementaire après le passage du «convoi de la liberté» estiment que la Colline du Parlement devrait être redessinée pour englober les rues avoisinantes.

Selon les députés en question, la Ville d’Ottawa devrait transférer au ministère fédéral des Services publics des terrains pour permettre à la rue Wellington et à la rue Sparks, une rue piétonne située au sud de la Colline du Parlement, de faire partie de l’enceinte.

Cette position est plus forte que celle prise par la majorité des députés du comité, qui n’ont suggéré le transfert des terrains que «si nécessaire».

Les conservateurs ne sont pas d’accord avec ces recommandations, puisqu’ils estiment que les politiciens ne devraient pas avoir la charge de la sécurité.

Dans ses huit recommandations, le comité soutient aussi que les mêmes rues devraient faire partie du territoire d’intervention du Service de protection parlementaire et que la rue Wellington devrait être fermée à la circulation entre la rue Kent et le Monument commémoratif de guerre du Canada.

Ce tronçon est majoritairement bloqué depuis la fin de l’occupation du «convoi de la liberté», qui a paralysé le centre-ville de la capitale fédérale l’hiver dernier pour faire entendre son mécontentement concernant les mesures sanitaires liées à la COVID-19.

Le directeur par intérim du Service de protection parlementaire, Larry Brookson, soutiendrait l’idée de placer la rue Wellington sous sa juridiction. Le comité a d’ailleurs reconnu «l’environnement de menace en évolution» de la Colline et que le service devrait avoir «les ressources nécessaires» pour en assurer la sécurité.

«Le droit d’accorder au public l’accès à l’enceinte parlementaire et aux terrains de la Colline du Parlement appartient au Parlement, en tant qu’institution, et à ses membres. La sécurité des parlementaires, du personnel et du grand public est essentielle, et pas seulement accessoire, pour permettre au Parlement de mener ses travaux», conclut le rapport du comité de la procédure et des affaires de la Chambre.

«Le comité reconnaît l’importance d’assurer la sûreté et la sécurité des parlementaires, du personnel et de toutes les personnes se trouvant dans l’enceinte parlementaire, tout en cherchant à préserver le caractère accueillant et ouvert de la capitale nationale.»

Les recommandations, publiées peu avant que la Chambre des communes soit ajournée pour la période des Fêtes, soulignent que les consultations et les discussions avec les intervenants doivent se poursuivre, y compris avec les groupes autochtones.

Meilleure collaboration

La majorité des députés du comité réclament par ailleurs la création d’un nouveau groupe de travail entre les responsables de la sécurité parlementaire, le Service de police d’Ottawa, la Police provinciale de l’Ontario et la Gendarmerie royale du Canada.

Ce groupe «établirait un plan efficace et cohérent en cas d’incidents sur la Colline du Parlement», indique le rapport. Il se réunirait au moins deux fois par an et commencerait à travailler sur un «véritable post-mortem des divers incidents qui se sont produits sur la Colline du Parlement au cours des 20 dernières années».

Ces événements comprennent notamment les manifestations du «convoi de la liberté», mais aussi les fusillades de 2014 qui ont mené au décès du caporal Nathan Cirillo, au Monument commémoratif de guerre du Canada.

Le gouvernement devrait aussi établir des «instructions claires» sur les mandats des partenaires chargés de l’application de la loi et de la sécurité, recommande le comité.

Les conservateurs ont contesté l’idée que le gouvernement doive être si impliqué dans les décisions en matière de sécurité et n’étaient pas d’accord avec les changements proposés à la compétence sur la Colline du Parlement. Selon eux, le comité veut aller «trop loin, trop vite».

Dans leur rapport dissident, les députés conservateurs soutiennent que des experts auraient dû être autorisés à élaborer une proposition conjointe sur les détails d’un plan de sécurité.

«Nous avons été ravis d’apprendre qu’il existe des relations de travail positives entre les différents partenaires et que les événements de ces derniers mois ont conduit à une prise de conscience encore plus grande de la situation unique du Parlement ainsi qu’à une collaboration interagences plus forte», ont écrit les députés conservateurs.

«À notre avis, l’avenir en constante évolution de la sécurité parlementaire devrait tirer parti de ces dynamiques et les renforcer, plutôt que d’être inutilement perturbé par l’imposition d’instructions politiques. Certes, nous n’avons entendu aucun argument convaincant de la part des témoins selon lequel les politiciens devraient donner des instructions aux professionnels de la police et de la sécurité.»