Les filles autochtones retirées de leur famille subissent plus de violence

Les intervenants de première ligne demandent plus de soutien pour les familles autochtones après qu’une analyse de Statistique Canada a révélé que les femmes des Premières Nations, inuites et métisses sont plus susceptibles d’être victimes d’agressions physiques ou sexuelles au cours de leur vie si elles ont été prises en charge par le gouvernement lorsqu’elles étaient enfants.

Le rapport, publié récemment dans Juristat, indique que 63 % des femmes autochtones ont été victimes de violence et près de la moitié — 46 % — ont subi des agressions sexuelles.

L’analyse a révélé que 81 % des femmes autochtones qui avaient été envoyées dans le système de protection de l’enfance avaient été agressées physiquement ou sexuellement au cours de leur vie.

Darlene Okemaysim-Sicotte est coprésidente d’Iskwewuk E-wichiwitochik, qui signifie «femmes marchant ensemble» en cri. Le groupe établi à Saskatoon soutient les familles de femmes disparues depuis près de deux décennies.

Mme Okemaysim-Sicotte a parlé avec de nombreuses femmes de la façon dont la violence a imprégné leur vie d’enfants pris en charge.

«Leurs expériences de traumatismes et de violence ont commencé jeunes en étant enlevées à leur famille puis placées dans des foyers d’accueil abusifs», a-t-elle déclaré.

L’analyse indique que la violence dans son ensemble est liée aux traumatismes historiques et continus de «la colonisation et des politiques connexes visant à effacer les cultures autochtones et à démanteler les familles et les communautés autochtones».

Les femmes autochtones étaient presque six fois plus susceptibles que les femmes non autochtones d’avoir été prises en charge par le gouvernement lorsqu’elles étaient enfants, selon le rapport.

Au Canada, 52,2 % des enfants en famille d’accueil sont autochtones, bien qu’ils représentent environ 7,7 % de la population totale d’enfants.

L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a entendu les témoignages de nombreuses personnes qui ont subi de la violence et une perte d’identité pendant qu’elles étaient prises en charge. Elles ont également partagé comment elles ont été considérablement blessées lorsque leurs propres enfants leur ont été enlevés.

Hilda Anderson-Pyrz est présidente du National Family and Survivors Circle. l’organisme rassemble des femmes autochtones de différents horizons pour élaborer un plan national en réponse à l’enquête.

«Cette publication souligne le besoin urgent d’actions immédiates de la part de tous les gouvernements pour prévenir de nouvelles violences contre les femmes, les filles et les personnes (LGBTQ2S+) autochtones», a expliqué Mme Anderson-Pyrz dans un courriel.

Elle a affirmé qu’il existe des preuves que de nombreuses femmes et filles autochtones qui ont disparu ou ont été assassinées avaient été retirées à leur famille alors qu’elles étaient enfants, ce qui a entraîné un traumatisme et une déstabilisation conduisant à une probabilité plus élevée de subir des violences.

En 2020, le taux d’homicides chez les femmes autochtones était plus de cinq fois supérieur à celui des femmes allochtones.

La même année, le gouvernement fédéral a adopté une loi donnant aux communautés autochtones l’autorité de gérer leurs propres services à l’enfance.

Le rapport de Statistique Canada a révélé que d’autres caractéristiques, notamment la présence de handicap ou d’insécurité du logement, étaient également liées à une probabilité plus élevée de violence chez les femmes autochtones.

De plus, celles-ci étaient deux fois plus susceptibles que les femmes allochtones de déclarer avoir peu ou pas confiance en la police.