Les données sur la dépénalisation des drogues seront rendues publiques en C.-B.

VANCOUVER — Le plan de la Colombie-Britannique visant à décriminaliser de petites quantités de drogues illicites à usage personnel à partir de mardi comprendra un tableau de bord d’informations qui sera accessible au public et mis à jour tous les trimestres, a indiqué la ministre fédérale de la Santé mentale et des Dépendances.

Carolyn Bennett a précisé que les Instituts de recherche en santé du Canada évalueront les données sur le fonctionnement de la décriminalisation et que le public est invité à fournir des idées sur les variables qui pourraient être mesurées au fur et à mesure de la progression de la politique au cours du projet pilote de trois ans.

Le gouvernement fédéral a accordé à la Colombie-Britannique une exemption des lois canadiennes sur les drogues en mai dernier pour permettre aux usagers de drogues de posséder un total de 2,5 grammes d’opioïdes tels que l’héroïne et le fentanyl ainsi que du crack et de la cocaïne en poudre, de la méthamphétamine et de la MDMA, également connue sous le nom d’ecstasy.

Plus de 11 000 personnes ont fait une surdose mortelle dans la province depuis que cette crise a été déclarée une urgence de santé publique en 2016.

La nouvelle politique signifie que les personnes qui ont avec elles des drogues jusqu’au seuil autorisé pour leur propre usage ne seront plus arrêtées ou inculpées, et leurs substances illégales ne seront plus saisies.

«Grâce à cette exemption, nous pourrons réduire la stigmatisation, la peur et la honte qui empêchent les consommateurs de drogues de parler de leur consommation, ou de consommer seuls, et d’aider davantage de personnes à accéder à des soutiens et à des traitements vitaux», a souligné la ministre Bennett.

«Toutes les activités avec des drogues illégales, y compris la production, le trafic, l’importation et l’exportation, restent illégales, même si elles sont menées avec les drogues énumérées dans l’exemption et en quantités inférieures au seuil de 2,5 grammes», a-t-elle ajouté.

La ministre de la Santé mentale et des Dépendances de la Colombie-Britannique, Jennifer Whiteside, a déclaré qu’au lieu d’arrêter les gens, la police qui interagit avec eux distribuera des cartes de ressources contenant des informations sur les services disponibles dans leur communauté.

Les appels seront traités par des «observateurs en matière d’utilisation de substances» qui ont été embauchés par les autorités sanitaires, a-t-elle ajouté.

« Ces autorités sanitaires connecteront les gens à toutes les ressources disponibles dans cette région particulière, qu’il s’agisse d’un lit en centre de désintoxication ou d’un service de conseil, ils auront accès à toute une gamme de soutiens», a précisé Mme Whiteside.

Elle a indiqué que la dépénalisation n’est qu’un outil dans la lutte contre la crise des surdoses et que la province a élargi les services de réduction des méfaits et ouvert plus de 360 lits de traitement et de récupération de la toxicomanie depuis 2017.

«La décriminalisation est un élément crucial de ce système. Elle aidera à briser les barrières et à créer des voies pour plus de personnes dans notre province sur leur chemin vers le bien-être. Nous savons qu’il y a plus à faire et nous n’arrêterons pas de travailler jusqu’à ce que nous renversions la vapeur dans cette crise», a-t-elle affirmé. 

Des usagers de drogues et des militants affirment que le seuil de 2,5 grammes est trop bas et que la dépénalisation aurait également dû s’appliquer aux jeunes de moins de 18 ans.