Le taux de mortalité liée à la COVID-19 demeure élevé au Québec

MONTRÉAL — Le Québec est devenu ce week-end la première province canadienne à atteindre le plateau des 15 000 décès liés à la COVID-19.

Malgré la vaccination et l’amélioration des traitements, le taux de mortalité demeure élevé dans la Belle Province: 174 morts par 100 000 habitants. En Ontario, ce taux affiche 86 morts/100 000 habitants. La moyenne nationale s’élève à 102/100 000 habitants.

Simona Bignami, une professeure du département de démographie de l’Université de Montréal, dit que les gens se préoccupent moins des récents décès liés au coronavirus, comparativement à ceux qui sont morts pendant la première vague. Celle-ci avait coûté la vie à plus de 5680 personnes.

C’est compréhensible, juge-t-elle, dans la mesure où les gens aspirent à un retour à une vie normale. «[Toutefois] on s’est malheureusement moins préoccupé de ceux qui continuent de mourir à la cause de la COVID-19.»

La Pre Bignami constate que la proportion de gens âgés de 50 à 69 ans parmi les décès s’est accrue.

Selon l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ), 12,9 % des décès liés à la COVID-19 étaient des personnes âgées de 50 à 69 ans, comparativement à 7,8 % au cours de la première vague. Au cours de l’actuelle sixième vague, ce taux atteint 9,1 %. 

La Pre Bignami déplore que le gouvernement ne publie pas assez de données sur les décès. Selon elle, celles-ci sont essentielles pour mesurer les risques que fait encore courir la maladie.

«Retrouve-t-on encore plus de morts parmi les personnes non vaccinées ? Quel est le taux réel de décès parmi celles qui ont été vaccinées ? Quel est le risque actuel si on a reçu trois doses ou deux doses? Le seul pays où des recherches profondes ont été réalisées à ce sujet est Israël.»

Une baisse

La Dre Rodica Gilca, une épidémiologiste de l’INSPQ, dit que le changement le plus important est la baisse du taux de mortalité.

Les données de l’INSPQ indiquent qu’on a recensé plus de 104 000 cas confirmés et 660 décès au cours de la vague actuelle qui s’est amorcée à la mi-mai.

«Il y a un déclin dans toutes les classes d’âge, dit la Dre Gilca. La baisse la plus importante a été parmi les plus vieux.»

Les gens souffrant d’autres problèmes de santé, les plus vieux et les non-vaccinés sont ceux qui courent le plus de danger de mortalité, ajoute-t-elle.

Le directeur par intérim de la santé publique, le Dr Luc Boileau, reconnaît que le nombre de décès liés à la COVID-19 demeure élevé au Québec. Il a mis en cause la façon dont sont recensés les morts dans la province: si une personne décédée a été atteinte de la COVID-19, elle est comptée parmi les morts liés au coronavirus même si le décès est attribuable à une autre maladie.

Il a parlé jeudi d’une étude gouvernementale réalisée en janvier indiquant qu’environ 30 % des personnes décédées à l’hôpital avaient été déclarées positives à la COVID-19. Toutefois, la cause principale de leur décès n’était pas le coronavirus.

Un deuil pour les familles

Le deuil n’en demeure pas moins lourd pour les familles.

Percylla Battista, dont la sœur est morte en avril après avoir été déclarée positive à la COVID-19, dit que son décès est un triste rappel que la pandémie n’est pas terminée.

Et même si le gouvernement et la population souhaitent un retour à une vie normale, Mme Battista dit qu’elle préfère continuer de prendre des précautions.

«Je crois fermement que nous allons tous contracter la COVID si nous ne faisons pas attention. Nous, qui sommes plus vieux, avons des ennuis de santé. Nous sommes plus vulnérables. Je ne comprends pas pourquoi les gouvernements ont abandonné toutes les mesures qui nous gardaient en santé.»