Le programme de soutien au transport aérien régional ne remplit pas ses promesses

Québec reconnaît que des améliorations doivent être apportées à son programme de soutien au transport aérien régional. 

Interrogée lundi sur les difficultés que connaît le Programme d’accès aérien aux régions (PAAR), la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a indiqué avoir amorcé une réflexion à ce sujet.

Le PAAR, lancé le printemps dernier par son prédécesseur, François Bonnardel, comportait notamment deux volets, l’un qui remboursait de 30 % à 60 % du coût des billets d’avion aux résidants de régions éloignées, l’autre qui permettait au grand public de se procurer des billets aller-retour dans ces régions au coût de 500 $.

Un service qui n’est pas fiable

«Est-ce qu’il (le PAAR) est parfait? Non. Parfois, il y a des problèmes de discontinuité de service, de manque de prévisibilité, (…) des vols qui sont annulés», a-t-elle énuméré.

Sans aller dans le détail, Mme Guilbault a dit vouloir «consolider un peu l’offre de transport aérien régional» et donner une assurance aux voyageurs que leurs vols seront à l’heure et ne seront pas annulés ou reportés. «C’est un peu ça en ce moment qu’il faut consolider avec les différents transporteurs aériens. L’importance de les soutenir», a-t-elle fait valoir.

Soutenir davantage les transporteurs

«Si on peut le bonifier, on va le bonifier», a-t-elle assuré, en parlant du PARR.

L’intervention de Mme Guilbault faisait suite à une sortie très critique du député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole du Parti québécois en matière de transport, Joël Arseneau, qui réclame justement un «soutien à l’offre», qu’il voit comme un des «axes clés pour relancer le transport aérien régional». Selon lui, Québec a erré en négligeant de soutenir l’offre.

«On n’a travaillé que sur la demande, mais pourquoi la demande n’est pas au rendez-vous? Selon notre analyse, c’est qu’elle ne correspond pas aux attentes des voyageurs et c’est ce que tous les gens disent en région», a-t-il affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne.

«On a des transporteurs qui nous offrent un service qui est inefficient, absolument pas fiable et sur lequel on ne peut pas miser pour se déplacer. Alors, on préfère prendre la voiture», déplore-t-il.

Billets à rabais: des résultats décevants

Le député madelinot souligne ainsi qu’à peine 20 % des quelque 98 000 billets à tarif réduit offerts par le programme ont trouvé preneur.

Il est pressant, dit-il, de réunir rapidement le Groupe d’intervention sur la relance des services aériens régionaux afin de «développer une vraie stratégie en transport aérien pour le Québec». Ce groupe, note-t-il au passage, ne s’est pas rencontré depuis mars 2022.

«On demande au gouvernement de s’asseoir à la table et de revenir à la case départ et de dire: il y avait des propositions intéressantes pour aborder aussi l’offre et s’il y a une concurrence qui doit être soutenue dans une certaine mesure par le gouvernement, qu’on le fasse», insiste-t-il.

Geneviève Guilbault a néanmoins défendu le programme, rappelant d’une part qu’il avait été créé dans un contexte de pandémie dans l’espoir de tirer profit de «l’opportunité touristique qui s’est dégagée pour les destinations au Québec, surtout qu’on n’avait pas le droit de voyager à l’extérieur du Québec». D’autre part, elle avance que le programme a bien fonctionné pour certaines destinations, «notamment en premier pour les Îles-de-la-Madeleine, où il s’est vendu le plus de billets, Fermont, Sept-Îles, Gaspé, Rouyn-Noranda et Val-d’Or. Ce sont les six destinations où le plus de billets ont été vendus.»

Congestion aux Îles

Joël Arseneau rétorque toutefois que la ministre devrait regarder l’autre côté de la médaille en ce qui a trait à son patelin.

«Aux Îles-de-la-Madeleine, il y a eu un plus grand succès parce que ç’a été jugé rentable par un plus grand nombre de personnes. Mais cela a causé une congestion dans le transport aérien qui empêchait les Madelinots de voyager pour aller se faire soigner, aller faire des affaires, aller voir leurs familles pendant la période estivale et, une fois la période estivale terminée, l’offre est tombée à plat», dit-il.

Mme Guilbault a rencontré le député péquiste peu de temps après les Fêtes. «Il m’a fait part d’un certain nombre d’éléments qui, justement, posaient problème aux Îles-de-la-Madeleine, des améliorations qu’on pourrait faire», dit la ministre.

«Mme Guilbault a fait preuve d’une grande ouverture effectivement en disant: écoutez, si ça pose un vrai problème, nous autres on veut améliorer le programme», reconnaît d’emblée Joël Arseneau, laissant poindre une lueur d’espoir. «Il faut réunir le Groupe de travail et j’espère une ouverture de la ministre parce qu’il va falloir aller beaucoup plus loin que des amendements au programme. Elle a la chance, justement, de remettre l’ouvrage sur le métier et voir avec les partenaires du milieu», a conclu le député péquiste.