Le philosophe et essayiste Benoît Dubreuil nommé commissaire à la langue française

QUÉBEC — La nomination de Benoît Dubreuil à titre de tout premier commissaire à la langue française a été entérinée au Salon bleu, mercredi, sans l’appui des libéraux.

Les troupes de Marc Tanguay ont voté contre, après avoir expliqué vendredi dernier ne pas accepter certains passages d’un essai coécrit par M. Dubreuil en 2011 sur la langue et l’immigration.

M. Dubreuil «considère que l’utilisation d’une autre langue que le français à la maison par une majorité des immigrants peut être considérée comme un signe de fragilisation» du français, ont-ils soutenu.

Or, pour les libéraux, «c’est la langue parlée dans la sphère publique qui doit servir d’indicateur de référence».

Le «manque de nuances» dans les écrits passés de M. Dubreuil et son «biais de jugement concernant le sentiment d’appartenance d’une personne immigrante» sont inquiétants, selon le Parti libéral.

Chien de garde

Le commissaire à la langue française est un chien de garde indépendant. Ce poste, créé avec l’adoption en juin dernier de la loi 96, consiste notamment à surveiller l’évolution de la situation linguistique au Québec. 

Le mandat est de sept ans et ne peut être renouvelé.

La nomination de M. Dubreuil a dû faire l’objet d’un vote aux deux tiers de l’Assemblée nationale. Quatre-vingt-quinze députés l’ont appuyée, tandis que les 17 libéraux présents l’ont rejetée. 

Fait à noter, l’ex-députée libérale devenue indépendante, Marie-Claude Nichols, a voté en faveur de la motion qui a été soumise par le premier ministre François Legault. 

Le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) se sont également rangés derrière le choix du premier ministre, même si QS avait à l’origine refusé la candidature de M. Dubreuil, qui n’était pas assez «rassembleuse».

Le parti de Gabriel Nadeau-Dubois a cependant changé d’idée après l’avoir rencontré. 

Roberge se réjouit

«C’est une excellente nomination», s’est plus tard réjoui le ministre responsable de la langue française, Jean-François Roberge, à son arrivée au conseil des ministres.

«Il s’agit d’une importante étape dans la volonté du gouvernement de surveiller l’évolution de la situation linguistique au Québec et de freiner le déclin du français», a ajouté son cabinet par communiqué.

M. Dubreuil aura «toute la latitude nécessaire pour effectuer les vérifications et les enquêtes qu’il jugera utiles», en plus de fournir des avis et des recommandations au gouvernement et au ministre.

Le commissaire veillera à ce que les dispositions de la Charte de la langue française soient respectées dans les institutions parlementaires et dans l’administration.

M. Dubreuil détient un doctorat en philosophie de l’Université libre de Bruxelles. Il est actuellement directeur général des opérations régionales à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada. 

Il a aussi notamment occupé les postes de directeur des Services stratégiques et des affaires intergouvernementales au ministère des Affaires autochtones et du Nord Canada, de gestionnaire au ministère de la Défense nationale, et d’analyste des politiques au ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences du Canada.