Le nombre de personnes qui se déplacent pour aller au travail a diminué en 2021

OTTAWA — Statistique Canada indique qu’il y avait 2,8 millions de personnes de moins qui se déplaçaient pour se rendre au travail l’an dernier par rapport à 2016, notamment en raison de la pandémie qui a démocratisé le télétravail.

Dans de nouvelles données tirées du Recensement de la population de 2021, l’agence fédérale souligne que la pandémie de COVID-19 a changé les façons dont les Canadiens se déplacent pour se rendre au travail. Le nombre de personnes qui prennent la voiture, le transport en commun et les modes de transport actif, comme la marche et le vélo, ont tous diminué l’an dernier par rapport à 2016.

Avec la diminution du nombre de voitures sur les routes, les temps de transport ont aussi chuté. Statistique Canada note toutefois que ceux-ci repartent à la hausse cette année, même s’ils demeurent inférieurs à ce qu’ils étaient en 2016.

La directrice de la recherche, de l’évaluation et de la mise en commun des connaissances du Centre des compétences futures, Tricia Williams, souligne que la pandémie est un «récit d’histoires multiples».

«Quand on regarde bon nombre de travailleurs de la classe moyenne, leurs vies n’ont peut-être pas tellement changé, observe Mme Williams. Mais il y a un grand pan de a population qui a pu profiter de lieux de travail plus flexibles.»

Les chiffres du recensement illustrent bien cette dichotomie. La chute du nombre de déplacements en voiture en mai 2021 est principalement attribuable aux professionnels du secteur des services. Parmi les autres travailleurs, le nombre d’automobilistes a plutôt augmenté.

En raison de l’évolution de la situation pandémique et du télétravail, Statistique Canada a aussi comparé ses données du Recensement de 2021 avec de nouveaux chiffres recueillis le printemps dernier. Ces plus récents coups de sonde démontrent qu’en mai 2022, le nombre de personnes qui utilisaient la voiture pour se rendre au boulot était de retour au niveau de 2016.

Le nombre de travailleurs privilégiant le transport en commun demeurait cependant inférieur à ce qu’il était en 2016, en plus de ne représenter que 7,7 % de tous les travailleurs.

Un million de Canadiens ont majoritairement utilisé le transport en commun pour se rendre au travail en 2021, ce qui est inférieur aux 1,2 million de personnes qui choisissaient cette voie lorsque les données ont commencé à être comptabilisées, en 1996. Cela représentait également 50 % moins de gens qu’en 2016.

En 2021, la plupart des services de transport en commun étaient de retour à un service normal, mis à part l’ajout de mesures sanitaires comme le port du masque obligatoire dans les autobus et les trains.

Entre 2016 et 2021, le nombre de personnes optant pour la marche ou le vélo pour se rendre au travail a chuté de 26 %, soit à 811 000 individus. Statistique Canada explique ce fait en partie par une diminution des emplois dans le secteur de l’hébergement, des services alimentaires et du détail en 2021 — près du tiers des adeptes du vélo ou de la marche travaillaient dans ces milieux en 2016.

Tricia Williams affirme qu’au moment où la pandémie s’achève et que les activités reprennent, les travailleurs demeurent hésitants à renoncer au télétravail.

«Je pense qu’on va continuer de voir cette flexibilité dans la nouvelle normalité des milieux de travail», analyse-t-elle.

Main-d’œuvre vieillissante

D’autres données dévoilées par Statistique Canada révèlent que la main-d’œuvre vieillit au pays.

Le taux de participation de la population active a chuté chaque année depuis 2006 en raison du vieillissement de la génération des «boomers». Par ailleurs, en combinant les besoins croissants des «boomers» en soins de santé à l’impact de la pandémie, la pression se fait très forte sur le réseau de la santé.

Le nombre de travailleurs de la santé a augmenté de près de 17 % entre 2016 et 2021, mais la pression est si forte que l’on continue de se buter à des pénuries de main-d’œuvre dans le réseau.

«Compte tenu de l’importance des changements démographiques dans la croissance économique, une attention particulière continuera d’être accordée à la mesure dans laquelle l’immigration peut atténuer les effets du vieillissement de la population», peut-on lire dans le rapport de l’agence fédérale.

Entre 2016 et 2021, 1,3 million d’immigrants ont été accueillis au Canada, soit plus que durant toute autre période de cinq ans dans le passé.

Des experts ont longtemps déploré que la main-d’œuvre immigrante était sous-utilisée. Toutefois, l’écart dans les taux de chômage entre les immigrants et le reste de la population tend à diminuer chez les 25 à 64 ans.

En 2021, l’écart était de 3,2 points de pourcentage, ce qui représente une amélioration par rapport aux 5 % observés en 2016.

L’une des pistes d’explication avancées par la directrice générale Marché du travail, Éducation et Bien-être socioéconomique chez Statistique Canada, Josée Bégin, est le niveau d’éducation élevé de la main-d’œuvre immigrante.